Évaluation du Programme d'éducation de base des adultes du Nord (PÉBAN) - Rapport final - Agence canadienne de développement économique du Nord - novembre 2016

Rapport Final - Agence canadienne de développement économique du Nord
Novembre 2016

Table des matières

Liste des sigles

AANC Affaires autochtones et du Nord Canada
ACE Alphabétisation et Compétences Essentielles
AE Assurance-emploi
AÉBA Alphabétisation et Éducation de Base des Adultes
CanNor Agence canadienne de développement économique du Nord
ÉCE Ministère de l'Éducation, de la Culture et de l'Emploi des Territoires du Nord-Ouest
EDSC Emploi et Développement social Canada
ÉBA Éducation de base des adultes
FPT Fédéral-Provincial-Territorial
GREAT Programme de préparation à l'emploi et à la formation (du Nunavut)
PASS Voie vers l'obtention d'un diplôme d'études secondaires pour les adultes (Nunavut)
PÉBAN Programme d'éducation de base des adultes du Nord
SCHL Société canadienne d'hypothèques et de logement

Résumé

Le Programme d'éducation de base des adultes du Nord (PÉBAN) vise à étendre la portée des programmes d'alphabétisation et de numératie des collèges territoriaux, en particulier dans les collectivités éloignées, afin de cibler les habitants du Nord en âge de travailler, y compris les Autochtones, et de les aider à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour entrer sur le marché du travail et profiter des nouvelles possibilités qu'offre l'économie. C'est l'Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor) qui administre le PÉBAN. Ce programme vise à aider les trois collèges du Nord — Collège Aurora, Collège du Yukon et Collège de l'Arctique du Nunavut, qui sont des bénéficiaires admissibles —à renforcer leur capacité à offrir une meilleure formation de base aux adultes, et à élaborer des programmes d'études de base à l'aide d'outils de qualité.

La présente évaluation satisfait aux exigences de la Loi sur la gestion des finances publiques, qui stipule qu'il faut évaluer la pertinence et l'efficacité des programmes tous les cinq ans. Menée de février 2016 à octobre 2016, elle porte sur la période allant d'avril 2011 à mars 2015 et présente perspectives, observations et recommandations. L'analyse et la présentation des données et de l'information ont été effectuées par la Direction des politiques et de la planification de CanNor, en collaboration avec le cabinet d'experts-conseils R.A. Malatest & Associates Ltd., qui a contribué à l'élaboration de la méthode de collecte et de présentation des données (entrevues). Les sources de données étaient les suivantes : 26 entrevues avec des personnes-ressources, menées dans le cadre du processus de collecte des données; analyse de la documentation; et analyse des données relatives au programme et des données secondaires provenant de diverses sources. Cette évaluation a pour objet de fournir des observations sur la pertinence du PÉBAN (Faut-il le maintenir? Va-t-il dans le sens des priorités du gouvernement du Canada? Les tâches et les responsabilités sont-elles alignées) et de son rendement (efficacité, efficience et rendement des investissements). L'évaluation a généré les observations suivantes :

En ce qui concerne la pertinence :

  1. Les dernières tendances en matière d'alphabétisation, de maîtrise des compétences essentielles et de niveau de scolarité dans le Nord, surtout au sein de la population autochtone, indiquent continuellement une situation défavorable sur le plan économique et de l'emploi. La pénurie de compétences qui en résulte représente un obstacle majeur au développement économique dans le Nord. Compte tenu de ces tendances et de ces défis, le PÉBAN est jugé pertinent et les collèges, qui sont les principaux prestataires de la formation de base aux adultes, ont démontré qu'ils étaient en bonne position pour offrir le PÉBAN.
  2. Le PÉBAN va dans le sens des priorités du gouvernement du Canada, car il aide les habitants du Nord en âge de travailler, en particulier dans les collectivités éloignées, à acquérir les compétences de base qui leur permettront d'entrer sur le marché du travail et de tirer parti des nouvelles possibilités économiques. Le programme va donc également dans le sens des objectifs stratégiques de CanNor, qui cherche à relever les défis économiques et à tirer profit des perspectives favorables dans le Nord. Mais le PÉBAN n'est qu'un programme fédéral parmi plusieurs autres qui portent sur le développement des compétences et la préparation au marché du travail. Emploi et Développement social Canada demeure le ministère fédéral responsable dans ce domaine. En outre, le PÉBAN finance des activités qu'on peut juger similaires à celles qui sont financées par les gouvernements territoriaux et confiées aux collèges du Nord.

En ce qui concerne le rendement (efficacité et efficience) :

  1. Grâce au PÉBAN, les collèges ont amélioré leurs programmes de formation de base des adultes (ÉBA), car ils ont pu élaborer et utiliser des outils et du matériel pédagogique de meilleure qualité. Par ailleurs, les collèges ont amélioré leur capacité à offrir la formation de base des adultes en aidant les éducateurs à exploiter les possibilités de perfectionnement professionnel et de formation dans divers domaines de l'ÉBA.
  2. Les fonds alloués au PÉBAN ont permis de rendre l'ÉBA plus accessible aux apprenants adultes vivant dans les collectivités éloignées (en moyenne, une augmentation de 21 % dans l'ensemble des territoires), et le programme a aidé les collèges à toucher les Autochtones (un segment de la population qui a du mal à accéder à l'éducation postsecondaire). Le programme a eu un impact positif sur les participants quant à l'estime de soi et leur a offert des possibilités de réseautage pour trouver un emploi.
  3. Les fonds alloués au PÉBAN ont permis d'élargir la marge de manœuvre nécessaire pour remédier aux lacunes de l'ÉBA dans le Nord. Les collèges ont tiré profit de la politique sur les dépenses admissibles du PÉBAN, qui leur permet de former des partenariats d'entraide avec d'autres collèges et d'autres organisations territoriales, afin de faciliter l'échange de pratiques exemplaires et d'expertise.

Enseignement tirés :

  1. Le succès du programme, en termes de participation, et de sa mise en œuvre, en particulier dans les collectivités autochtones éloignées, provient principalement de la flexibilité offerte aux collèges par le PÉBAN pour ce qui est de la conception et de la prestation des activités d'alphabétisation, d'acquisition de compétences essentielles et d'ÉBA. Il serait bon que les fonds fédéraux alloués à un futur programme de cette nature offrent aux collèges un niveau de flexibilité au moins équivalent.

    Il faudrait examiner les mécanismes existants ou proposés pour la prestation de l'ÉBA et des activités d'alphabétisation et d'acquisition de compétences essentielles dans le Nord, afin de s'assurer qu'ils sont arrimés aux activités et programmes fédéraux. Dans le même esprit, on pourrait envisager d'optimiser l'utilisation de mécanismes de versement des fonds alloués à l'ÉBA, par exemple en les attribuant par l'entremise des gouvernements territoriaux, afin de renforcer l'efficience du programme et de réduire le fardeau des collèges en ce qui concerne la gestion des nombreux rapports à présenter pour des programmes aux objectifs similaires, surtout dans un environnement comme celui du Nord où la logistique est problématique.
  2. Si l'on devait lancer un autre programme de nature similaire, il faudrait modifier son cadre de gestion du rendement afin d'y intégrer les objectifs atteignables pendant la durée d'exécution du programme, et l'axer davantage sur l'alphabétisation et l'acquisition de compétences essentielles.

Section 1 - Introduction et contexte

1.1 Contexte du programme

1.1.1 Description du programme

Le Budget 2011 a créé le Programme d'éducation de base des adultes du Nord (PÉBAN) pour « élargir les programmes d'alphabétisation et de numératie dans les collèges des territoires, surtout dans les collectivités éloignées, pour cibler les résidents du Nord en âge de travailler et les aider à acquérir les compétences de base dont ils ont besoin pour intégrer le marché du travail et tirer profit des possibilités économiques émergentes. »

Le programme est administré par l'Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor), qui dispose de ressources organisationnelles pour faciliter une exécution et une gestion saines du programme. Les bénéficiaires admissibles sont les collèges du Nord, définis comme les établissements d'enseignement situés dans un des territoires, autorisés par la loi à offrir des services accrédités d'éducation de base aux adultes.

Le programme, dans sa conception, était limité à une durée de cinq ans (de 2011-2012 à 2015-2016), et visait « à donner aux collèges territoriaux les moyens d'offrir une éducation de base des adultes plus complète et améliorée (…) Lorsque le programme prendra fin, les collèges du Nord retourneront à leur niveau de base pour l'éducation de base des adultesNote de bas de page 1

Le Budget 2016 incluait une provision pour prolonger le PÉBAN d'un an, soit un investissement supplémentaire de 3,9 millions de dollars en 2016-2017 « [e]n vue d'appuyer la prestation de services d'éducation de base à l'intention des adultes par les collèges dans les territoires […]. Pendant ce temps, le gouvernement examinera le programme dans le but de déterminer la meilleure façon d'appuyer la participation des habitants du Nord au marché du travail. »

1.1.2 Objectifs et activités

Le PÉBAN vise deux objectifs : 1) améliorer les services d'éducation de base des adultes (ÉBA) et la capacité des territoires et de leurs collèges à offrir ces services; 2) multiplier le nombre d'adultes en âge de travailler qui possèdent des connaissances de base pour le milieu de travail, comme la lecture et l'écriture ou le calcul.

L'ÉBA désigne les activités éducatives visant à aider les adultes à atteindre un niveau suffisant d'alphabétisation et de numératie et à acquérir d'autres compétences essentielles pour obtenir un emploi ou profiter d'une formation professionnelle. Les activités admissibles dans le cadre du PÉBAN sont les projets visant les objectifs suivants :

  • multiplier le nombre d'éducateurs offrant l'ÉBA et renforcer leurs capacités;
  • multiplier le nombre d'éducateurs autochtones offrant l'ÉBA;
  • favoriser les partenariats entre les collèges et entre d'autres organisations territoriales;
  • appuyer l'élaboration de matériel pédagogique culturellement adapté;
  • renforcer la capacité à évaluer les participants avant qu'ils s'inscrivent aux activités d'apprentissage;
  • augmenter la fréquence et la durée des cours d'ÉBA, ainsi que le nombre d'endroits où ils sont offerts.

Résultats attendus du PÉBAN :

  • meilleure capacité à répondre aux besoins des apprenants adultes dont la formation de base est insuffisante;
  • meilleure accessibilité des services d'ÉBA dans l'ensemble du Nord;
  • augmentation du nombre d'adultes s'inscrivant aux cours d'ÉBA;
  • mise à niveau d'outils d'apprentissage et d'évaluation culturellement adaptés et axés sur le marché du travail;
  • meilleure employabilité des Autochtones du Nord et participation accrue de ceux-ci aux projets de développement économique.

Le modèle logique du programme (Figure 1.1) s'appuie sur l'idée selon laquelle on peut axer l'efficacité du programme sur le rendement de l'investissement. Celui-ci peut inclure les extrants et les résultats décrits ci-dessous, chaque résultat immédiat et intermédiaire contribuant potentiellement aux résultats à long terme et à la multiplication des services d'ÉBA.

Figure 1.1 : Modèle logique du PÉBAN
Version textuelle de la Figure 1.1

Le graphique montre le modèle logique du programme lequel relie ensemble logiquement par des flèches les intrants, puis les activités et les extrants qui contribueront à l'obtention des résultats souhaités et ce à court, moyen et à long terme :

Les intrants comprennent les ressources humaines, la capacité du bénéficiaire, le soutien à la gestion et l'administration, les installations et les infrastructures, la recherche et le financement. Ces intrants vont permettre la réalisation d'activités, qui comprennent les investissements dans le PÉBAN, et ces activités vont résulter en extrants lesquels incluent l'élaboration et l'utilisation d'outils, la prestation de cours, l'embauche et la formation d'éducateurs autochtones et non-autochtones.

Le résultat immédiat attendu grâce aux extrants est l'amélioration de la disponibilité des services d'éducation de base aux adultes. Les résultats intermédiaires attendus grâce aux extrants mais aussi découlant des résultats immédiats comprennent l'accroissement de l'utilisation des services par les adultes ainsi que l'amélioration de la qualité des services d'éducation de base aux adultes. Enfin, les résultats à long terme qui en résulteront sont l'augmentation du taux d'emploi, de la formation professionnelle, post-secondaire ou préparatoire à l'emploi ainsi que l'amélioration de la qualité des services d'éducation de base aux adultes.

La stratégie de mesure du rendement du PÉBAN comprend 15 indicateurs (Tableau 1.1).

Tableau 1.1 : Indicateurs de rendement du PÉBAN
Secteurs de rendement Indicateurs
Activités 1. Nombre et type de produits ou de services d'ÉBA approuvés
Extrants 2. Nombre et type de produits ou de services d'ÉBA créés
Résultats immédiats Meilleure accessibilité des services d'ÉBA 3. Nombre d'éducateurs offrant l'ÉBA
4. Davantage de possibilités d'études et meilleure continuité de l'apprentissage
Résultats intermédiaires Recours accru aux services d'ÉBA 5. Nombre d'étudiants recevant des cours d'ÉBA
Qualité accrue des services d'ÉBA 6. Nombre de programmes de formation destinés aux éducateurs pour adultesNote de bas de page 2
7. Nombre d'éducateurs autochtones
8. Nombre de résidants locaux embauchés comme éducateurs
9. Matériel pédagogique et programmes d'études nouveaux ou améliorés utilisés dans le cadre de l'ÉBA
Résultats à long termeNote de bas de page 3 10. Nombre d'adultes en âge de travailler ayant participé au programme et qui ont trouvé un emploi
11. Nombre d'adultes en âge de travailler ayant participé au programme et qui ont ensuite pu suivre une formation professionnelle
12. Nombre d'adultes en âge de travailler ayant participé au programme et qui ont obtenu un certificat d'apprentissage
13. Nombre d'adultes en âge de travailler ayant participé au programme et qui ont ensuite suivi une formation postsecondaire (pas en milieu de travail)
14. Nombre de participants aux cours d'ÉBA qui se sont rendus au terme de ces cours
15. Nombre de diplômés d'ÉBA qui suivent une formation en milieu de travail

Les résultats étaient présentés dans des rapports trimestriels et dans un rapport final soumis à la fin de chaque exercice. Le rapport final résumait les activités décrites dans le plan de travail du projet, ainsi que toute étude/entente ou tout plan élaboré durant la période de production de rapports.

1.1.3 Gouvernance du programme

Les responsables des Opérations à CanNor ont supervisé la mise en œuvre du programme. Les collèges ont présenté des demandes de financement qui incluaient les activités associées au projet proposé, les partenaires, les échéanciers, les objectifs et les résultats attendus. On a évalué les propositions en fonction des critères suivants : promotion des partenariats; création de synergies avec les programmes existants; possibilité de léguer une ÉBA améliorée; adaptation à la culture; priorité aux collectivités éloignées. Les fonds alloués au PÉBAN ont été administrés dans le cadre d'accords de financement conclus entre CanNor et chaque bénéficiaire. Conformément à ces accords, chaque collège a préparé un plan de travail pluriannuel relatif au projet et présenté des rapports sur la mise en œuvre de ce plan.

1.1.4 Financement du programme

Plus de 90 % des fonds alloués au programme ont été réservés aux contributions; le reste a été alloué à l'administration.

Les fonds ont été alloués en fonction des besoins en matière d'ÉBA, déterminés par la proportion dans chaque territoire de personnes en âge de travailler dont la scolarité s'est terminée avant la douzième année, conformément aux données du Recensement de 2006 – p. ex., 44,5 % au Nunavut, 37,1 % dans les Territoires du Nord-Ouest et 18,4 % au Yukon. Les allocations théoriques sont indiquées ci-dessous (Tableau 1.2).

Tableau 1.2 : Fonds alloués au PÉBAN, 2011-2017
(en millions de $) 2011-2012 2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017 Total
Yukon 0,3 1,2 1,2 1,2 0,7 0,7 5,2
Territoires du Nord-Ouest 0,6 2,5 2,4 2,5 1,3 1,3 10,6
Nunavut 0,7 2,9 2,9 2,9 1,6 1,6 12,7
Total (contributions) 1,7 6,6 6,5 6,6 3,6 3,6 28,5
Source : 2011-2015 : présentation au Conseil du Trésor, 2011; 2016-2017 : dans l'annonce du Budget 2016; répartition des allocations selon la présentation au Conseil du Trésor de 2015.

1.2 Objectifs et portée de l'évaluation

Dans le cadre de cette évaluation, menée au terme de la période de financement quinquennale, on examine les aspects suivants du programme :

  • la pertinence du PÉBAN par rapport aux priorités et aux objectifs du gouvernement fédéral;
  • la pertinence du PÉBAN par rapport aux priorités et aux objectifs de CanNor;
  • l'obtention des résultats visés à court, moyen et long terme (voir le Tableau 1.1 : Indicateurs de rendement du PÉBAN et la figure 1.1 : Modèle logique pour plus de détails);
  • la rentabilité et l'efficacité du PÉBAN;
  • les enseignements tirés.

Chacun des enjeux liés à l'évaluation est abordé en détail dans le reste du présent rapport.

Section 2 - Approche et méthodologie

2.1 Principales sources de données

2.1.1 Examen des documents

Un grand nombre de documents ont été examinés et utilisés pour l'évaluation :

  • rapports de recherche et examen de publications;
  • documents du gouvernement fédéral, comme le Budget, les budgets des dépenses ministériels, et les stratégies, vérifications et plans pangouvernementaux;
  • documents organisationnels, comme les rapports annuels des collèges;
  • information quantitative, comme les tableaux des bases de données du Système canadien d'information socioéconomique (CANSIM) de Statistique Canada et les tableaux des Comptes publics;
  • documents relatifs aux études, politiques et stratégies des gouvernements territoriaux et/ou d'organisations non gouvernementales.

2.1.2 Entrevues avec les personnes-ressources

R.A. Malatest & Associates Ltd. (Malatest) a été sélectionnée par CanNor pour mener le volet de l'évaluation consacré aux entrevues avec les personnes-ressources. Cette société d'experts-conseils avait pour tâche de planifier et mener ces entrevues, de rédiger les transcriptions sommaires des entrevues et d'analyser les données.

CanNor a désigné six groupes distincts d'intervenants qui présentaient un intérêt pour l'évaluation : représentants du gouvernement territorial, intervenants liés aux collèges, apprenants adultes, éducateurs pour adultes, intervenants liés à l'industrie et aux employeurs du Nord, et employés de CanNor. devait recruter les interviewés à partir des listes et mener les entrevues. Le tableau 2.1 montre le nombre de personnes interviewées au sein de chaque groupe d'intervenants.

Tableau 2.1 : Listes des interviewés
Groupe d'intervenants Nombre d'interviewés
Représentants du gouvernement territorial 3
Représentants des collèges 4
Représentants de l'industrie 3
Éducateurs pour adultes 4
Apprenants adultes 11
Représentant de CanNor 1
Total 26

Toutes les entrevues étaient structurées d'après un guide élaboré par Malatest et approuvé par CanNor. Le guide visait à garantir que les entrevues soient menées de manière à couvrir les enjeux devant être évalués, soit la pertinence, le rendement, l'efficacité et la rentabilité du PÉBAN. Dans la mesure du possible, on a fourni aux interviewés une copie du guide d'entrevue à l'avance.

Les entrevues ont été menées par téléphone et enregistrées avec l'autorisation des participants. De brèves notes ont été prises durant les entrevues, complétées par un examen des enregistrements, au besoin, durant l'analyse. L'analyse des données consistait à préparer un résumé des réponses de tous les participants à chaque question d'entrevue, par groupe d'intervenants. Là où c'était indiqué, on a utilisé des descripteurs comme « quelques », « de nombreux/la plupart » et « tous » pour résumer l'ensemble des réponses aux questions d'entrevue. Lorsque c'était pertinent, les points de vue des divers groupes d'intervenants ont fait l'objet d'une comparaison et d'une analyse, et les consensus ou divergences d'opinion ont été soulignés.

2.1.3 Analyse des données sur le programme

L'évaluation s'appuie sur les données relatives au programme fournies dans le cadre de l'obligation qu'ont les bénéficiaires du financement de soumettre des rapports trimestriels et un rapport annuel. Les bénéficiaires ont utilisé deux formats de documents pour leurs rapports :

  • une compilation des résultats obtenus pour les 15 indicateurs de rendement, comme le montre le tableau 1.1, dans un gabarit de tableur Excel (« information quantitative »);
  • des rapports trimestriels et annuels détaillés, qui contiennent des renseignements précis sur des réalisations comme les cours et le matériel pédagogique élaborés, les partenariats formés, les collectivités servies, les activités, les projets pilotes, les enjeux et les recommandations, ainsi que d'autres renseignements sur divers sujets, comme les inscriptions (« information qualitative »).

Ces rapports incluaient aussi d'autres documents comme les copies des rapports de recherche et du matériel pédagogique préparés. Notez qu'il n'y avait pas de gabarit pour le rapport, et que le type et la portée de l'information varient d'un collège à l'autre. En outre, seuls deux collèges ont fourni des renseignements pour la première année (2011-2012), même si les fonds avaient été alloués aux trois.

Des renseignements secondaires provenant de documents officiels (p. ex., rapports organisationnels et statistiques officielles) ont servi à compléter les données manquantes relatives au programme.

2.2 Limites méthodologiques

2.2.1 Données sur le programme

En raison de certaines incohérences dans l'information fournie par les collèges, cette évaluation ne s'appuie pas suffisamment sur les données relatives au programme, qu'elles soient liées aux indicateurs de rendement (information quantitative) ou aux rapports détaillés (information qualitative). Les problèmes liés aux données sont probablement imputables au manque de directives globales ou d'instructions officielles à propos des rapports à présenter.

On a utilisé l'information contenue dans les rapports détaillés pour illustrer les types d'activités mis en œuvre et de produits élaborés.

En raison du manque d'uniformité dans la définition des concepts d'une année à l'autre et d'un collège à l'autre, et de la faiblesse des liens entre les variables, la fiabilité de l'information quantitative était relativement limitée.

C'est particulièrement vrai dans le cas des données relatives aux résultats à plus long terme (voir le tableau 1.1), qui ont été moins utiles lors de la rédaction de la section 5 du rapport. Parallèlement au manque d'instructions à propos des rapports à produire, il peut être difficile de mesurer les résultats à long terme, surtout si cette mesure nécessite un suivi systématique auprès des participants au terme des activités liées au PÉBAN. Dans ce cas, seuls les participants ayant immédiatement entrepris de poursuivre leur formation ou de trouver un emploi seraient reflétés par les données.

Des notes en bas de page ont été ajoutées, quand il y avait lieu, afin que les résultats puissent être interprétés dans la perspective des limites établies.

2.2.2 Interprétation des données issues des entrevues avec les personnes-ressources, et limites connexes

Les données recueillies et analysées par Malatest dans le cadre des entrevues avec les personnes-ressources sont qualitatives. L'analyse et les résumés fournis aux présentes se veulent une description des réponses des participants, et ne sont pas nécessairement représentatifs des groupes d'intervenants dont ceux-ci sont issus.

Comme on n'avait pas demandé aux adultes participant au PÉBAN l'autorisation de communiquer directement leurs coordonnées à des chercheurs tiers au moment de leur inscription, les collèges ont dû contacter des étudiants susceptibles d'accepter une entrevue et leur demander la permission de transmettre leur nom et leurs coordonnées à Malatest. Il se peut que ce processus de sélection ait introduit des éléments subjectifs. Par exemple, tous les apprenants adultes interviewés avaient suivi le PÉBAN jusqu'à la fin ou étaient en train d'y participer et allaient possiblement se rendre au terme du programme.

Il convient également de noter qu'en raison du grand nombre de groupes d'intervenants et de la nécessité de représenter chaque territoire, il y avait parfois un seul interviewé par groupe et par territoire. Il a donc été difficile de confirmer l'information fournie avec les intervenants. Par exemple, des réponses différentes données par les membres d'un même groupe peuvent indiquer des différences entre les territoires, plutôt qu'un problème lié à la mise en œuvre du PÉBAN. Pour contourner ce problème et confirmer les réponses des interviewés par rapport aux autres sources des données, Malatest a utilisé des données et des documents administratifs pour étayer ces réponses, lorsque c'était possible et approprié.

Section 3 - Pertinence et nécessité de maintenir le programme

Cette section évalue la pertinence du PÉBAN. Elle commence par une description des activités entreprises par les collèges, puis détermine : s'il est nécessaire de maintenir le programme; si le gouvernement a un rôle légitime, approprié et nécessaire à jouer dans le cadre du programme; si le programme va dans le sens des priorités du gouvernement fédéral et de CanNor.

3.1 Description des activités de mise en œuvre du PÉBAN

En 2011-2012, les fonds ayant été transférés vers la fin de l'exercice, les collèges ont consacré la majeure partie de leurs activités à l'élaboration de leur plan de travail quadriennal (2012-2013 à 2015-2016). Chacun de ces plans décrit les activités que chaque collège prévoyait mettre en œuvre selon un échéancier assez précis. L'élaboration de ce plan sur quatre ans faisait partie de la demande de financement, et un plan annuel rajusté était intégré aux ententes de contribution annuelles conclues entre les collèges et CanNor. Le niveau et le type d'information contenus dans les plans de travail variaient d'un plan à l'autre. Par exemple, le plan de travail présenté par le Collège Aurora était très détaillé et proposait un échéancier précis et une stratégie de gestion du rendement, et le collège a présenté chaque année un rapport sur son plan de travail. En comparaison, il n'y a aucun lien direct entre les plans de travail du Collège du Yukon et du Collège de l'Arctique du Nunavut et la structure de leurs rapports annuels.

Un examen des rapports annuels a révélé que les trois collèges avaient entrepris des activités très similaires, que l'on peut répartir entre quatre groupes principaux :

  • renforcement de la capacité d'exécution du programme;
  • amélioration de l'accès aux cours et au matériel, et de leur qualité;
  • mobilisation des partenaires et formation de partenariats;
  • administration du PÉBAN.

3.1.1 Activités de base

a) Capacité d'exécution du programme

Les activités suivantes visaient à renforcer la capacité d'exécution du programme : offrir une formation aux enseignants et un accès à des fonds pour le perfectionnement professionnel; désigner des employés chargés de coordonner le programme et de former le personnel; acquérir le matériel pédagogique et les outils de formation connexes ou améliorer ceux qui existent déjà (p. ex., utiliser les outils de formation à distance).

Parmi ces activités, il convient de mettre de l'avant celles qui prévoient la collaboration entre les trois collèges du Nord en vue d'échanger des services et de partager des ressources. En voici des exemples concrets : la mise en œuvre du protocole d'entente conclu entre les trois collèges en 2012, et l'organisation du symposium pan territorial sur le PÉBAN, à Whitehorse en avril 2014. Ce symposium a réuni 258 enseignants, prestataires de services d'ÉBA et chercheurs spécialistes de l'alphabétisation et de l'acquisition de compétences essentielles au milieu de travail.

b) Amélioration de l'accès aux cours et au matériel, et de leur qualité

Il s'agissait des activités suivantes : faire en sorte que le matériel pédagogique soit plus pertinent et le distribuer à plus grande échelle; améliorer les services aux étudiants; et élaborer des programmes, du matériel et des outils destinés aux cours, les mettre à jour et les adapter. Les cours élaborés portent sur l'alphabétisation et l'acquisition de compétences de base (ou des modules et des outils devant être intégrés aux cours existants), la préparation à l'emploi et la préparation aux études postsecondaires. Autres produits créés ou modifiés : méthodes et outils de gestion des cas et d'évaluation des besoins, et méthodes permettant de valider les compétences acquises dans un contexte informel.

On a, par exemple, amélioré la pertinence et la qualité des outils pédagogiques en les traduisant dans les langues autochtones. À cet égard, il convient de noter qu'on a demandé à des Aînés inuit de participer à de nombreux cours au Nunavut (« Elder Project »), afin d'intégrer la culture inuit aux cours d'ÉBA.

c) Mobilisation des partenaires et formation de partenariats

Des partenariats sont nés dans le but de mettre en œuvre des activités visant à améliorer l'accès aux produits, et la qualité de ceux-ci, et de renforcer la capacité à offrir des services d'ÉBA. Voici quelques exemples :

  • Le Collège Aurora et le Collège du Yukon ont consulté le Collège de l'Arctique du Nunavut, qui avait créé un outil d'évaluation culturellement adapté (Évaluation de placement des adultes du Nunavut), dans le cadre de l'élaboration de leur propre outil.
  • En collaboration avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, le Collège Aurora a également apporté des changements à son programme d'anglais afin qu'il soit culturellement plus adapté aux collectivités locales.
  • Le Collège de l'Arctique du Nunavut s'est appuyé sur l'expertise de deux organisations, Pathways to Possibilities – qui offre des programmes d'emploi et d'apprentissage pour les adultes, et la Fondation canadienne pour le développement de la carrière, afin de créer un programme d'acquisition de compétences essentielles culturellement adapté.
  • Le Collège de l'Arctique du Nunavut a offert deux des programmes d'éducation aux adultes du gouvernement territorial [le Programme de préparation à l'emploi et à la formation (GREAT) et Voie vers l'obtention d'un diplôme d'études secondaires pour les adultes (PASS)], en s'appuyant sur le matériel pédagogique créé grâce aux fonds du PÉBAN, par l'intermédiaire d'un partenariat avec l'Alberta Distance Learning Centre pour ce qui était de la prestation de la formation à distance du programme PASS.

Par ailleurs, les trois collèges ont collaboré en échangeant de l'information et des pratiques exemplaires (p. ex., grâce au symposium et au protocole d'entente pan territorial). Ils ont également collaboré avec leurs partenaires régionaux respectifs. Par exemple :

  • Le Collège du Yukon a créé un groupe de travail sur la gestion des cas, composé d'intervenants de diverses organisations régionales, et organisé des consultations locales afin de définir une approche locale de l'ÉBA.
  • Le Collège Aurora a élaboré un protocole de partenariat destiné à favoriser les partenariats régionaux et à lui servir de guide dans ses relations avec ses partenaires. Ce protocole a par ailleurs réuni des organisations territoriales qui mettent en œuvre la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones d'Emploi et Développement social Canada (EDSC), des signataires d'ententes, des organisations spécialistes de l'alphabétisation et de la promotion de carrière, des ministères territoriaux et des gouvernements et des organisations autochtones.

Des partenariats ont aussi été créés entre l'industrie et les collèges, principalement par le biais d'organisations existantes comme la Kivalliq Mine Training Society au Nunavut, la Yukon Mine Training Association au Yukon et la Mine Training Society dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces partenariats, qui mettent l'accent sur les cours de préparation au marché du travail, ont été financés par le Fonds pour les compétences et les partenariats d'EDSC. Des activités à plus petite échelle axées sur l'alphabétisation et la formation et le perfectionnement en compétences essentielles ont également eu lieu dans quelques collectivités locales du Yukon, dans un contexte « réel ».

d) Administration du PÉBAN

L'administration du programme au niveau des collèges comprenait la recherche-développement, la gestion des fonds et la surveillance des activités. La recherche était une activité essentielle à tout examen des programmes et des outils. Par exemple, le Collège de l'Arctique du Nunavut a produit des documents de recherche qui devaient servir de guide pour préparer et évaluer son nouveau programme d'alphabétisation et d'acquisition de compétences essentiellesNote de bas de page 4 . Le Collège du Yukon et le Collège Aurora ont lancé des projets de recherche afin de mieux comprendre leurs clients et l'impact du PÉBAN sur leur choix d'études et de professionNote de bas de page 5 . En collaboration avec la Yukon Literacy Coalition, le Collège du Yukon a mené une étude sur la démobilisation des jeunes en matière d'apprentissage.

La surveillance du programme était une autre activité importante. Par exemple, le Collège Aurora fait sa propre évaluation du programme. Le Collège de l'Arctique du Nunavut a produit en 2014 un rapport qui fait le point sur les réalisations du PÉBANNote de bas de page 6 .

3.1.2 Analyse des extrants issus des activités

Un examen des dépenses du Collège Aurora révèle certaines tendances quant aux activités entreprises au sein des quatre groupes d'activités (renforcement de la capacité d'exécution du programme; amélioration de l'accès aux cours et au matériel, et de leur qualité; mobilisation des partenaires et formation de partenariats; et administration du PÉBAN). La figure 3.1 montre que le volume des activités liées au renforcement des capacités et à l'administration du programme a diminué, tandis que le volume des activités visant à améliorer l'accès a augmenté au cours de la période de quatre ans. Ces données indiquent qu'une fois jetées les bases d'une exécution efficace du programme, on consacre plus de travail à l'élaboration de programmes et à la production de matériel pédagogique. En l'absence de renseignements similaires de la part des autres collèges, il est impossible de déterminer s'il s'agit d'une tendance commune.

Une analyse détaillée du contenu des plans de travail, comparé aux activités décrites dans les rapports annuels, révèle que la plupart des activités prévues par les plans de travail ont été mises en œuvre, malgré certains obstacles à l'exécution du programme. Par exemple, les rapports annuels du Collège du Yukon décrivent les défis qu'il lui a fallu relever pour mener à bien les activités. Bon nombre des obstacles étaient liés à l'éloignement des collectivités et à la décentralisation des centres d'ÉBA. Autres problèmes mentionnés : manque d'enseignants spécialisés à l'échelle locale; roulement élevé; problèmes de coordination des activités et de la logistique, surtout avec les collectivités éloignées. Le Collège a dû repousser ou annuler certaines activités pour les raisons suivantes : manque de financement (les demandes de financement auprès d'autres sources ayant été retardées ou rejetées); absence de partenariats formés au moment opportun (avec les entreprises et les collectivités autochtones); retards résultant de la révision des cours ou de projets pilotes de cours.

Figure 3.1 : Exemple de dépenses par catégorie(1), Collège Aurora, 2012-2015

Nota :
1) catégorie définie par CanNor.
Source : états financiers du Collège Aurora.

Selon les données sur le PÉBAN, les activités liées au renforcement des capacités et à l'amélioration de l'accès sont indiquées aux tableaux 3.1 et 3.2. Le tableau 3.1 donne une indication du volume de matériel pédagogique produit ou révisé.

Tableau 3.1 : Résultats des indicateurs relatifs à la capacité et à l'accès, 2011-2015
Indicateurs(1) Yukon Territoires du Nord-Ouest Nunavut
Nombre de produits et services d'ÉBA créés 68 55 341
Nombre de programmes de formation offerts aux adultes 42 132 16
Nombre de documents et de programmes nouveaux ou améliorés utilisés dans le cadre de l'ÉBA 54 22 68
Nota :
1) Parce qu'on ne peut comparer les données des collèges en raison du manque d'uniformité dans la définition des concepts, les totaux ne sont pas disponibles.
Source : données sur l'administration du PÉBAN.

Le tableau 3.2 indique le nombre d'éducateurs ayant participé aux activités liées au PÉBAN. Les éducateurs autochtones représentent une forte proportion de la main-d'œuvre, sauf au Yukon.

Tableau 3.2 : nombre d'éducateurs chargés de l'ÉBA, par année – Éducateurs autochtones et nombre total d'éducateurs, 2011-2015
  Collège du Yukon(1) Collège Aurora(2) Collège de l'Arctique du Nunavut(3)
Éducateurs autochtones Nombre total d'éducateurs Éducateurs autochtones Nombre total d'éducateurs Éducateurs autochtones Nombre total d'éducateurs
2011-2012 0 3 0 0 0 0
2012-2013 10 52 22 6 17 26
2013-2014 3 14 15 13 10 14
2014-2015 12 111 16 24 17 24
Notes :
1) Inclut tous les éducateurs chargés de l'ÉBA;
2) la somme des nombres ne correspond pas au total, parce que le nombre d'éducateurs autochtones inclut les employés non rattachés au collège et que le nombre total d'éducateurs inclut uniquement le personnel du collège;
3) personnel du collège seulement.
Source : données sur l'administration du PÉBAN.

Les données sur le programme indiquent également que, depuis la mise en œuvre du PÉBAN, 83 % des collectivités situées au nord du 60e parallèle ont accès à l'ÉBA sous une forme ou une autre. Au Nunavut, en date de 2015, presque toutes les collectivités (96 %) avaient accès à l'ÉBA (Tableau 3.3).

Tableau 3.3 : Collectivités bénéficiant du PÉBAN, par territoire, 2015
  2014-2015 Collectivités bénéficiaires (en % du nombre de collectivités dans chaque territoire)
Nombre %
Yukon 12 71
Territoires du Nord-Ouest 26 79
Nunavut 25 96
Total 63 83
Source : données des collèges.

3.2 Nécessité de maintenir le programme

3.2.1 Tendances en matière d'éducation de base des adultes (ÉBA) et d'alphabétisation et de compétences essentielles (ACE) Note de bas de page 7

a) Niveau de maîtrise

La plus récente étude (Statistiques Canada 2013a)Note de bas de page 8 sur l'alphabétisation et les aptitudes au calcul révèle un certain nombre d'éléments clés : 1) au Canada, 49 % des personnes ayant entre 16 et 64 ans atteignent en moyenne un niveau inférieur au niveau 3, qui est le niveau nécessaire pour accomplir la plupart des tâches de lecture et d'écriture en société et en milieu de travail, et le niveau nécessaire pour obtenir un diplôme d'études secondaires et entrer dans un établissement d'enseignement supérieur; 2) le niveau de scolarité est associé au niveau d'alphabétisation et de numératie; 3) les études supérieures semblent atténuer les différences en matière de niveaux de compétences entre les jeunes et les plus âgés; 4) les personnes ayant un emploi ont un niveau d'alphabétisation et de numératie nettement plus élevé que les personnes au chômage. Il convient de noter que, lorsqu'on compare les résultats des deux études les plus récentes (voir la note 8 ci-dessous), on constate que le niveau moyen d'alphabétisation et de numératie a légèrement baissé. Par exemple, en matière d'alphabétisation, en 2003, 14 % étaient au niveau 1 ou en dessous et 18 % étaient aux niveaux 4 et 5; en 2012, 17 % étaient au niveau 1 ou en dessous et 14 % étaient aux niveaux 4 et 5 (Statistique Canada, 2013a). Il se peut donc qu'à l'échelle du Canada, les travailleurs adultes ne s'adaptent pas aux exigences de plus en plus strictes en matière de compétences au sein de l'économie du XXIe siècle.

On observe des variations notables des scores moyens entre les provinces et les territoires, les groupes d'âge et d'autres caractéristiques socioéconomiques et démographiques. Chaque territoire a un profil bien distinct en ce qui concerne le niveau d'ACE : le Yukon se compare au reste du Canada, puisque 44 % des adultes sont en dessous du niveau 3 et que 14 % sont aux niveaux 4 et 5; les Territoires du Nord-Ouest affichent respectivement 64 % et 10 % au niveau 3 et aux niveaux 4 et 5; le Nunavut affiche respectivement 84 % et 3 % au niveau 3 et aux niveaux 4 et 5 (voir la figure 1 à l'annexe A). Ces écarts sont largement attribuables au profil démographique de chaque territoire, en particulier à la proportion de jeunes qui sont probablement encore à l'école secondaire et d'Autochtones dont le niveau d'alphabétisation et de numératie est généralement inférieur, en moyenne, à celui du reste de la population. En fait, les Autochtones représentent 81 % de la population du Nunavut, 46 % de celles des Territoires du Nord-Ouest et 21 % de celle du Yukon. On observe aussi des différences au sein d'un même territoire lorsque les jeunes et les Autochtones sont principalement concentrés dans de petites collectivités, tandis que les trois capitales territorialesNote de bas de page 9 attirent des travailleurs d'autres régions du territoire ou du Canada, et comptent une population proportionnellement élevée de non-Autochtones en âge de travailler (Statistique Canada, 2012).

Le niveau de scolarité des Autochtones des territoires demeure nettement inférieur à celui des non-Autochtones. Par exemple (voir le tableau 1 à l'annexe A), la proportion d'Autochtones qui n'ont pas de diplôme d'études secondaires au Nunavut est d'environ 60 %, et l'écart avec les non-Autochtones est important. Au cours des quatre dernières années, cet écart semble s'être légèrement réduit, ce qui indique peut-être une augmentation du nombre de diplômés d'écoles secondaires parmi les Autochtones, jeunes ou adultes.

On observe des tendances similaires en ce qui concerne les niveaux d'alphabétisation et de numératie. Ils sont nettement moins élevés chez les Autochtones. Par exemple, au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, 82 % et 92 % des Autochtones (respectivement) ont un niveau d'alphabétisation inférieur à 2. Le pourcentage d'Autochtones dont le niveau de numératie est inférieur à 2 est encore plus élevé (voir le tableau 2 à l'annexe A).

À elles seules, ces tendances justifieraient le besoin de programmes d'alphabétisation et de numératie. Tous les participants aux entrevues issus de l'industrie, des gouvernements territoriaux et des collèges, y compris les éducateurs, conviennent que le faible taux de diplômés (incluant le nombre de décrochages en début de scolarité), ainsi que le faible niveau d'alphabétisation et de numératie parmi les résidants de ces territoires, justifient le besoin de programmes d'ÉBA. Les représentants territoriaux conviennent que, même si le pourcentage de diplômés dans les centres urbains des territoires est comparable à ce qu'on observe dans le reste du Canada, il faut offrir l'ÉBA aux populations des régions éloignées et rurales en particulier. Ils notent également que le PÉBAN vient combler la pénurie de compétences, tout en offrant aux adultes qui y participent une expérience scolaire réussie et positive.

b) Résultats de l'ACE sur le plan socioéconomique et de l'emploi

Au Canada et ailleurs, il existe depuis longtemps un lien entre l'ACE, l'emploi, le revenu et des facteurs sociaux plus globaux. Un excellent niveau d'ACE a des répercussions sur les personnes, les collectivités et l'économie.

À un macro-niveau, il existe un lien démontrable entre le niveau d'alphabétisation des citoyens et la prospérité économique d'un pays. Par exemple, des études ont montré qu'un pourcentage élevé d'adultes dont le niveau de compétences est de 1 ou 2 nuits au taux de croissance, et qu'on peut en observer l'impact sur la croissance économique à long terme (Murray et Shillington, 2012).

À un micro-niveau, un grand nombre de documentsNote de bas de page 10 traitent des effets de l'alphabétisation sur le succès économique individuel. Ces documents montrent que les personnes dont le niveau d'alphabétisation est bas sont moins susceptibles de trouver un emploi que leurs pairs plus instruits, travaillent en moyenne pendant un nombre inférieur de semaines par an, sont plus susceptibles de vivre des périodes de chômage et de demeurer sans emploi pendant de plus longues périodes. Les adultes dont le niveau d'alphabétisation est extrêmement bas sont systématiquement exclus du marché des emplois rémunérés, ce qui explique qu'ils sont cinq fois plus susceptibles de toucher des prestations d'aide sociale. En ce qui concerne les revenus, il a été démontré que les adultes dont le niveau d'alphabétisation est le plus élevé gagnent plus d'argent; en fait, leurs revenus sont jusqu'à 33 % plus élevés que ceux des personnes dont le niveau d'alphabétisation est le plus bas, et ils sont deux fois plus susceptibles d'occuper un emploi stable (Murray et Shillington, 2011). Par ailleurs, on sait qu'il existe un lien psychologique et sociologique plus global entre le niveau d'alphabétisation d'une personne et son état de santé, son capital psychosocial (par exemple, l'estime de soi et la résilience), son degré de confiance envers les autres et l'intensité de sa participation à la vie civile et communautaire (OCDE et Statistique Canada, 2011; Smith Fowler et coll., 2016).

En ce qui concerne les territoires, de nombreux interviewés ont indiqué que le grand nombre d'assistés sociaux et le taux de chômage élevé témoignaient de la difficulté à former une main-d'œuvre locale qualifiée ou à embaucher des résidants à des postes au sein des divers secteurs. Un représentant territorial du Nunavut a par ailleurs fait observer qu'en vertu de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, les personnes engagées pour travailler au gouvernement doivent refléter le pourcentage d'Inuit dans la population du territoire. Ce représentant a ajouté que, malgré les récents changements apportés aux politiques d'embauche, qui ont accéléré l'embauche d'Inuit locaux au gouvernement, il était difficile de trouver des candidats inuit pour ces postes, en raison du faible niveau de scolarité dans le territoire. Une interviewée du secteur privé a fait observer que les candidats à de nombreux postes dans son organisation affichent encore de nombreuses lacunes en matière de numératie et d'alphabétisation de base, et qu'un grand nombre ne sont pas assez instruits pour être engagés.

Le manque de compétences de base constitue un obstacle majeur à l'emploi et à la sécurité économique des Autochtones. Les données extraites en 2012 du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes montrent que, parmi les personnes qui ne sont pas sur le marché du travail ou sont sans emploi, le pourcentage de celles dont le niveau d'alphabétisation et de numératie est inférieur à 2 est plus élevé que dans le reste de la population. Cependant, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, le pourcentage de personnes dont le niveau est inférieur à 2 est plus élevé parmi celles qui ont un emploi (voir le tableau 3 à l'annexe A). Cela indique que, pour pourvoir les postes, les employeurs utilisent des stratégies d'embauche qui visent à atténuer le problème du manque de compétences. Par exemple, un interviewé a mentionné avoir déjà vu des offres d'emploi dans lesquelles le niveau d'études requis était passé de la douzième à la dixième année, parce que les entreprises étaient incapables de trouver des candidats qualifiés.

On peut compléter les pratiques d'embauche par de la formation afin d'atténuer ce problème. Par exemple, des interviewés de l'industrie ont dit que, dans leur milieu de travail ou leur association, on offrait une formation et des cours aux employés, afin de les aider dans leur avancement professionnel. Ils ont ajouté qu'il existait des possibilités de collaborer avec les fournisseurs de services et les enseignants du PÉBAN en vue d'élaborer des cours dont le contenu serait adapté aux divers secteurs, et d'offrir ensuite ces cours à leurs employés. Les domaines possibles pour ces cours sont la formation professionnelle, la formation préparatoire aux métiers et la gouvernance des collectivités. Les représentants de l'industrie ont aussi mentionné qu'il existait d'autres cours d'ÉBA et de formation professionnelle dans le Nord, notamment ceux qu'offrent les collèges et qui donnent aux étudiants l'équivalent d'une douzième annéeNote de bas de page 11. Mais les interviewés ont également dit que ces cours d'ÉBA étaient généralement plus appropriés pour les adultes ayant un niveau d'alphabétisation plus élevé et que, parce que c'étaient des cours de longue durée (généralement pendant des sessions de quatre mois), cela dissuadait de nombreux adultes de s'y inscrire. Les interviewés ont par ailleurs souligné que les associations industrielles offraient certains programmes de formation, mais que ces programmes n'attiraient pas assez d'étudiants pour être offerts aussi efficacement ou à aussi grande échelle que le PÉBAN.

Selon les interviewés de l'industrie, la majorité des postes pour lesquels ils embauchent des gens sont des postes de niveau débutant nécessitant une douzième année de scolarité. Divers secteurs offrent différents types d'emplois, mais globalement, les interviewés disent que les postes en question sont des emplois de concierge, de manœuvre ou d'adjoint administratif. Ces employeurs ont également engagé des gens à des postes nécessitant un niveau d'études plus élevé. Les représentants de l'industrie semblent tous d'accord pour dire qu'à lui seul, le PÉBAN ne peut pas répondre aux problèmes d'embauche dans le Nord, pour deux raisons principales. Premièrement, les cours du PÉBAN sont de trop courte durée, et les adultes inscrits qui se rendent au terme d'un de ces cours n'auront sans doute pas acquis les compétences en lecture, en écriture et en calcul nécessaires pour occuper un emploi (c'est-à-dire équivalent à une douzième année). Deuxièmement, deux représentants de l'industrie ont dit qu'il y a encore dans le Nord de nombreux problèmes générant de faibles niveaux d'alphabétisation et de scolarité, qui constituent un défi pour l'emploi et pour l'éducation (par exemple, l'absence de services de garde d'enfants et le fort pourcentage de logement dangereux ou insalubres). Même si les représentants de l'industrie reconnaissent que le PÉBAN offre une ÉBA indispensable dans les territoires, ils sont toutefois conscients du fait qu'il faut s'attaquer à d'autres problèmes sociaux pour favoriser des emplois durables et le développement économique dans les collectivités du Nord.

Ces commentaires, ainsi que les facteurs décrits précédemment et leur interdépendance, illustrent la complexité des défis que doivent relever les employeurs et les employés dans le Nord en ce qui a trait à l'ÉBA.

c) Participation à l'ÉBA

L'éducation des adultes, ou formation continue, est un volet essentiel des sociétés modernes. Selon une enquête menée au CanadaNote de bas de page 12 en 2007-2008, on estime que 10 millions de Canadiens ayant entre 18 et 64 ans ont participé à un programme d'enseignement officiel ou à une formation structurée (cours, ateliers, cours privés et formation en milieu de travail qui ne conduit pas à un diplôme), que ce soit par intérêt personnel, pour leur carrière ou pour trouver un emploi. Cela représente près de la moitié de la population canadienne dans cette tranche d'âge. Les formations liées à l'emploi se sont multipliées depuis 2002. Plus du tiers des personnes qui suivent ce type de formation ont reçu de l'aide de leur employeur (Knighton et coll., 2009).

Les raisons pour lesquelles les adultes décident de s'inscrire à une formation continue ou à un programme d'alphabétisation, puis choisissent soit de poursuivre cette démarche, soit de décrocher, sont aussi variées que complexes. Des études ont révélé que la participation et le maintien augmentent avec l'âge et le niveau d'études (Knighton et coll., 2009; Long, 2002). En ce qui concerne le maintien dans l'ÉBA, plus précisément, les études canadiennes et internationales révèlent régulièrement un taux de décrochage élevé des programmes d'alphabétisation pour adultes. Entre 10 % et 60 % des étudiants inscrits à un programme d'ÉBA décrochent avant d'avoir atteint leurs objectifs (Roussy et Hart, 2002). Long et Middleton (2001) ont constaté que 33 % des adultes canadiens qui s'étaient inscrits à un programme d'alphabétisation l'ont abandonné au bout de six à huit mois. Les conflits avec les horaires de travail et le manque d'argent sont les deux principales raisons invoquées. D'autres facteurs clés sont les problèmes personnels, l'état de santé, la confiance en soi et la garde d'enfants (Roussy et Hart, 2002; Long et Middleton, 2001).

Les Autochtones, qui représentent une forte proportion de la population des territoires, ont des problèmes particuliers lorsqu'ils souhaitent s'inscrire à une formation ou un apprentissage continu et demeurer assidus. Ces enjeuxNote de bas de page 13, dont certains sont mis en lumière dans le rapport de 2014 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées (gouvernement du Canada, 2014), sont notamment :

  • endroits éloignés où l'on n'offre pas ou presque pas de formation structurée et d'études supérieures, et où la connexion Internet haute vitesse n'est pas fiable, ce qui rend le téléapprentissage difficile;
  • pauvreté chronique, logements surpeuplés et conditions de vie insalubres qui créent d'autres obstacles à une participation complète et efficace aux activités scolaires;
  • racisme et discrimination envers les élèves autochtones, qui peuvent miner l'estime de soi et la confiance en soi;
  • différences culturelles touchant le style d'apprentissage; par exemple, l'alphabétisation fondée sur l'écrit est un concept assez nouveau pour de nombreuses collectivités autochtones, et les test normalisés de lecture et d'écriture qui y sont liés ne couvrent pas les types d'alphabétisation que préfèrent bon nombre d'Autochtones;
  • écarts dans la réussite scolaire, complexités du système d'éducation et sous-financement;
  • trop peu d'enseignants servant de modèles et capables d'insuffler la volonté d'apprendre, tout en donnant l'exemple aux élèves;
  • impact durable des pensionnats;
  • diversité des troubles d'apprentissage qui ne sont pas identifiés ou pas traités;
  • taux élevé de grossesses chez les adolescentes, qui ont alors encore plus de difficulté à terminer leurs études secondaires.

Autres obstacles :

  • pas assez d'hommes suivent une formation d'ACE (gouvernement du Nunavut, 2006);
  • domination du français et de l'anglais dans les évaluations, même s'il s'agit de langues secondes pour bon nombre d'Autochtones. Par exemple, 56 % des personnes d'âge scolaire au Nunavut ayant entre 5 et 24 ans ne parlent ni anglais ni français à la maison (Enquête nationale auprès des ménages, 2011);
  • taux de décrochage à l'école secondaire. Au Nunavut, le taux de diplômés d'études secondaires chez les Inuit est inférieur à 25 % (CLLN, 2012a); 43 % des jeunes qui quittent l'école secondaire ont des compétences de niveau 1 et 2, ce qui limite leur productivité et leur réussite une fois qu'ils entrent sur le marché du travail (Murray et Shillington, 2012).

Les données sur les inscriptions aux collègesNote de bas de page 14 dans le cadre du PÉBAN donnent une estimation de la participation des étudiants. Le tableau 3.4 indique que plus de 3 400 étudiants ont bénéficié des activités ou du matériel pédagogique financés par le PÉBAN entre 2011 et 2015. Environ 74 % d'entre eux sont des Autochtones. Cette proportion était de 59 % pour le Collège Aurora et de presque 100 % pour le Collège de l'Arctique du Nunavut. Le tableau montre également une augmentation continue du nombre d'inscriptions d'étudiants sur la période de quatre ans.

Tableau 3.4 : Nombre d'étudiants visés par le programme par année – Étudiants autochtones et nombre total d'étudiants, 2011-2015
  Collège Aurora(2) Collège de l'Arctique du Nunavut(3) Total(4)
Étudiants autochtones Nombre total d'étudiants Étudiants autochtones Nombre total d'étudiants Étudiants autochtones Nombre total d'étudiants Étudiants autochtones Nombre total d'étudiants
2011-2012 11 11     131 136 142 147
2012-2013 33 60   560 230 233 263 853
2013-2014 277 287 538 643 244 246 1 059 1 176
2014-2015 199 215 626 782 252 254 1 077 1 251
Total 520 573 1 164 1 985 857 869 2 541 3 427
Notes :
(1) Les chiffres incluent les étudiants utilisant le matériel pédagogique du PÉBAN;
(2) tous les étudiants inscrits au programme d'ÉBA du collège;
(3) étudiants suivant une ÉBA de plus longue durée;
(4) parce que la définition d'« étudiants visés » variait d'un collège à l'autre, il faut interpréter le total avec prudence.
Source : données sur l'administration du PÉBAN.

Les données relatives au PÉBAN recueillies avant et pendant sa mise en œuvre indiquent une augmentation du nombre d'inscriptions à l'ÉBA (ou de la participation aux activités financées par le PÉBAN). C'est au Yukon et au Nunavut que cette augmentation a été la plus forte, comme l'illustre le tableau 3.5.

Tableau 3.5 : Étudiants visés par le PÉBAN dans les territoires, nombres moyens, 2007-2011 à 2011-2015(1)
  Avant le PÉBAN (moyenne de 2007 à 2011) Pendant le PÉBAN (moyenne de 2011 à 2015) Changement
Nombre Nombre %
Yukon(2) 31 143 +361 %
Territoires du Nord-Ouest 568 641 +13 %
Nunavut 143 217 +52 %
Notes :
(1) On ne peut pas comparer les données des collèges respectifs, parce que leur définition du terme « étudiant » n'est pas la même. Les chiffres peuvent inclure des étudiants à temps partiel, à temps plein ou occasionnels, ainsi que des étudiants utilisant le matériel pédagogique produit par le PÉBAN. Ils peuvent aussi inclure tous les étudiants suivant une ÉBA, ainsi que ceux qui participent uniquement aux activités financées par le PÉBAN.
(2) Le Yukon ne dispose d'aucun chiffre pour 2007-2008.
Source : données sur l'administration du PÉBAN.

Les données sur l'ensemble des inscriptions d'étudiants dans les collèges du Nord indiquent une augmentation des inscriptions à l'ÉBA au cours des dix dernières années (voir les figures 2 à 4 à l'annexe A). Par exemple, le Collège de l'Arctique du Nunavut a vu le nombre d'étudiants inscrits à l'ÉBA diminuer jusqu'en 2012-2013, mais cette année-là, leur nombre a presque doublé. Dans les Territoires du Nord-Ouest, le nombre total d'étudiants inscrits au Collège Aurora est en baisse depuis 2009-2010, mais le nombre d'étudiants inscrits à l'ÉBA a augmenté durant la même période. Selon le rapport annuel 2014-2015 du Collège Aurora, les étudiants inscrits à l'ÉBA représentaient 28 % de la population étudiante. Au Yukon, le nombre total d'étudiants inscrits a augmenté depuis 2007-2008. Les données sur l'inscription à l'ÉBA sont rares, et l'on ne peut donc pas les utiliser pour tirer des conclusions définitivesNote de bas de page 15. Le pourcentage d'étudiants inscrits à l'ÉBA parmi l'ensemble de la population collégiale semble relativement peu élevé (5 % en 2013-2014) (voir les figures 2 à 4 à l'annexe A). Même si l'on ne peut pas établir de lien direct avec le PÉBAN, la forte augmentation du nombre d'étudiants visés par le PÉBAN au Yukon (+361 % avant et après le PÉBAN) indique que le programme a joué un rôle.

Comme l'ont mentionné plusieurs interviewés, les obstacles systémiques suivants nuisent à la participation des habitants du Nord à la formation, à l'éducation et au marché du travail : traumatisme intergénérationnel lié aux pensionnats et à d'autres pratiques colonisatrices, comme le déplacement et l'établissement forcé toute l'année dans des collectivités; problèmes de dépendance; mauvais état des logements et problèmes de santé; lourd fardeau imposé aux adultes qui doivent s'occuper de leur famille et de leurs enfants en l'absence de garderies dans leur collectivité.

Une majorité d'étudiants interviewés ont dit savoir qu'il existait d'autres programmes de formation, d'éducation et de perfectionnement adaptés à leurs objectifs de carrière et d'éducation, mais ils ont tous dit qu'il leur aurait fallu quitter leur collectivité pour suivre les cours. Seuls deux des sept interviewés ont dit qu'ils étaient prêts à suivre ces autres cours, et les cinq autres n'auraient pas choisi de programme de perfectionnement ou d'ÉBA si le PÉBAN n'avait pas été offert dans leur collectivité.

Les 11 apprenants adultes interviewés aux fins de la présente évaluation ont dit que le PÉBAN devrait se poursuivre et que leur collectivité a encore grand besoin de ces cours. Ils indiquaient les raisons suivantes : bon nombre des personnes qu'ils connaissent ont abandonné l'école pour créer une famille; les cours sont des outils de recyclage utiles qui préparent à une éducation de niveau supérieur; de nombreuses personnes sont sans emploi et ont besoin d'une formation pour trouver du travail; les cours sont nécessaires, parce qu'ils permettent aux gens de suivre des études ou de se perfectionner sans devoir quitter leur collectivité pour une grande ville où se trouvent les campus.

3.3 Éducation de base des adultes (ÉBA) et alphabétisation et compétences essentielles (ACE) dans les territoires : financement et intervenants

L'ÉBA n'est pas un domaine de compétence défini expressément dans la Loi constitutionnelle de 1867 ou de 1982. Elle touche un certain nombre de domaines comme l'éducation, le perfectionnement professionnel, le développement économique/du marché du travail et le développement social. L'ÉBA relève donc à la fois de la compétence fédérale et provinciale/territoriale. Dans ce domaine, comme dans de nombreux autres au fil des ans, les gouvernements fédéraux et provinciaux/territoriaux doivent coordonner leurs activités, ne serait-ce que parce que de nombreux enjeux stratégiques actuels dépassent les domaines de compétence initialement définis dans la Constitution.

3.3.1 Programmes fédéraux et financement du perfectionnement de l'ACE et de l'ÉBA

Même si les gouvernements provinciaux et territoriaux détiennent les principaux pouvoirs constitutionnels liés à la mise en œuvre des politiques sociales (comme l'éducation), le gouvernement fédéral a toujours exercé une influence considérable dans ce domaine, que ce soit en utilisant son pouvoir de dépenser dans un souci d'équité nationaleNote de bas de page 16 ou en établissant des normes nationales. Le gouvernement fédéral exerce principalement son influence grâce au mécanisme de transferts financiers aux provinces et aux territoires.

En matière de formation des adultes, le gouvernement fédéral appuie l'acquisition de compétences et le perfectionnement professionnel individuels en assumant sa responsabilité exclusive en matière d'assurance-emploiNote de bas de page 17. Le ministre d'Emploi et Développement social Canada (EDSC) supervise la Loi sur l'assurance-emploi et les programmes connexes « en faisant la promotion du développement d'une main-d'œuvre hautement qualifiée et mobile, ainsi que d'un marché du travail efficient et favorable à l'intégrationNote de bas de page 18. » Depuis 1996, en vertu de la Partie 2 de la Loi sur l'assurance-emploiNote de bas de page 19, qui vise à aider les gens à reprendre le travail grâce aux programmes et services de formation et d'emploi, le gouvernement fédéral a conclu des accords de transfert bilatéraux avec les provinces et les territoires, aux fins de l'établissement et de l'offre des prestations d'assurance-emploi et de mesures de soutien; il reconnaît en outre que ces mesures sont liées à l'éducation et à d'autres domaines de responsabilité provinciale. Actuellement, il existe quatre types d'accords de transfert visant le marché du travail :

  • Ententes sur le développement du marché du travail : elles visent à aider les personnes admissibles à l'assurance-emploi à perfectionner les compétences nécessaires à leur retour au travail.
  • Ententes sur le Fonds canadien pour l'emploi (modifiées par rapport aux ententes sur le marché du travail de 2014-2015) : elles aident les Canadiens à obtenir la formation dont ils ont besoin pour obtenir les postes disponibles et réussir sur le marché du travail, qu'il s'agisse de chômeurs non admissibles aux prestations d'AE, de personnes ayant un emploi, mais pas de diplôme d'études secondaires ou de certificat reconnu, ou de chômeurs dont le niveau d'alphabétisation et de compétences essentielles est faible.
  • Initiative ciblée pour les travailleurs âgés : initiative à coûts partagés qui aide les travailleurs âgés sans emploi (ayant habituellement entre 55 et 64 ans) qui vivent dans une collectivité de 250 000 habitants ou moins et sont touchés par d'importantes réductions des effectifs/fermetures ou un taux de chômage élevé chronique, grâce à des programmes visant à les réintégrer au marché du travail.
  • Ententes sur le marché du travail visant les personnes handicapées : elles visent à améliorer l'employabilité des personnes handicapées et à multiplier les possibilités d'emploi qui leur sont offertes.

Par le biais d'EDSC, le gouvernement du Canada offre également une grande variété de programmes du marché du travail aux personnes ou aux organisations qui cherchent à développer les compétences des adultes en âge de travailler.

  • Le Bureau de l'alphabétisation et des compétences essentielles d'EDSC appuie un réseau pancanadien d'organisations spécialistes de l'ACE à l'échelle nationale, composé notamment du Canadian Literacy and Learning Network et de la Fédération canadienne pour l'alphabétisation en français; par ailleurs, il finance un réseau d'organisations provinciales/territoriales, par exemple des coalitions pour l'alphabétisation. Le Bureau de l'alphabétisation et des compétences essentielles établit et maintient les capacités de ce réseau qui, à son tour, offre un soutien et transfert des connaissances dans l'ensemble du système canadien de programmes et services d'ACE.
  • La Stratégie emploi jeunesse a pour objectif d'aider les jeunes à acquérir les compétences, l'expérience de travail et les aptitudes dont ils ont besoin pour opérer une transition réussie sur le marché du travail. Connexion compétences est le programme qui cible les personnes ayant de la difficulté à trouver un emploi. Il est administré par trois ministères : EDSC, Affaires autochtones et du Nord Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement.

Conformément à ses responsabilités envers les peuples autochtones, le gouvernement fédéral a mis sur pied les programmes de développement des compétences suivants, destinés aux Autochtones et gérés par EDSC :

  • Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones : elle offre des programmes et des services qui incluent le développement des compétences, la formation professionnelle et les activités préalables à l'emploi, grâce à un réseau de prestataires de services autochtones;
  • Fonds pour les compétences et les partenariats : il répond aux possibilités de former des partenariats économiques en ciblant le perfectionnement de la main-d'œuvre, et vise à combler les lacunes en ce qui a trait à l'exécution des programmes au sein du réseau de prestataires de services sur le marché du travail.

Le tableau 3.6 montre l'ampleur des fonds fédéraux actuellement alloués aux trois territoires qui comprennent un volet consacré à l'ACE ou à l'ÉBA, Le PÉBAN est l'un des divers programmes axés sur le développement de l'ACE. On estime qu'il reçoit 8 % de l'ensemble des fonds fédéraux.

Tandis que la plupart des programmes ont pour objectif premier d'aider les personnes (p. ex., en payant leurs frais de scolarité, leur matériel ou les frais de garderie), le PÉBAN a pour objectif de renforcer la capacité d'exécution des programmes. Le développement de la capacité organisationnelle ne représente que 10 % des fonds fédéraux totaux alloués au développement de l'ACE et à l'ÉBA . En outre, le PÉBAN est le seul programme fédéral dont l'objectif précis consiste à améliorer la capacité d'exécution des fournisseurs de programmes d'ACE, p. ex. les trois collèges, qui sont les principaux fournisseurs de programmes dans le Nord.

Il convient de noter qu'en plus des fonds du PÉBAN, les collèges reçoivent des fonds provenant d'autres sources au sein du gouvernement fédéral chargées du développement de l'ACE, comme le Bureau de l'alphabétisation et des compétences essentielles et le Fonds du partenariat d'EDSC.

Tableau 3.6 : Répartition des fonds fédéraux alloués au développement de l'alphabétisation et des compétences essentielles (ACE) et à l'éducation de base des adultes (ÉBA) dans les territoires, 2015-2016
Bailleur de fonds Programme Allocation (en millions de $) Exécution Objectif principal
EDSC Ententes sur le développement du marché du travail 9,4 PT Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes admissibles à l'AE (transfert FPT) Aide aux personnes
EDSC Ententes sur le Fonds canadien pour l'emploi 3,2 PT Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes qui sont au chômage, ont peu de compétences ou ne sont pas admissibles à l'AE (transfert FPT).
EDSC Ententes sur le marché du travail visant les personnes handicapées 3,8 PT Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes handicapées (transfert FPT)
EDSC Initiative ciblée pour les travailleurs âgés 0,5 PT Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes ayant entre 55 et 64 ans (transfert FPT)
EDSC Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones 18,8 Organisations autochtones Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes qui sont au chômage, ont peu de compétences ou ne sont pas admissibles à l'AE, et celles qui sont admissibles à l'AE. Finance aussi le renforcement des capacités organisationnelles.
EDSC Fonds pour les compétences et les partenariats 4,1(2) Organisation autochtone et partenaires Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes
EDSC
SCHL
AANC
Stratégie emploi
jeunesse – Connexion
compétences
1,4(3)
--(4)
1,0(3)
Organisation autochtone et partenaires Formation sur l'ACE et activités connexes pour les personnes ayant entre 15 et 30 ans
ESDC Alphabétisation et compétences essentielles 1,3(1) ESDC Aide les organisations spécialistes de l'ACE à renforcer leur capacité d'élaboration de politiques, de recherche et de mobilisation Capacité organisationnelle
CanNor PÉBAN 3,6 Collèges du Nord Aide les collèges du Nord à renforcer leur capacité à offrir des programmes d'ACE et le matériel pédagogique connexe
Nota :
(1) 2014-2015;
(2) montant moyen basé sur les allocations totales (24,3 M$) sur 7 ans (2011-2017);
(3) 2014-2015;
(4) non disponible.
Source : données sur l'administration d'EDSC, d'AANC et de CanNor.

3.3.2 Gouvernements territoriaux et intervenants régionaux

a) Yukon

Le ministère de l'Éducation du Yukon offre aux adultes des programmes d'éducation, de formation et d'emploi : en appuyant les programmes d'ACE en milieu de travail du Collège du Yukon; en menant des études sur le marché du travail, notamment sur les besoins de formation en matière de compétences essentielles; en faisant la promotion des stages et de la formation axée sur les compétences; et en faisant la promotion d'initiatives d'alphabétisation par le biais d'organisations qui offrent des programmes en milieu de travail et des programmes communautaires. Il offre un financement de base à Yukon Learn, organisme communautaire à but non lucratif qui cherche à offrir divers programmes et service flexibles d'alphabétisation des adultes. Le ministère de l'Éducation du Yukon administre les fonds de formation communautaires qui financent les projets, notamment pour l'acquisition de compétences essentielles, et fournit des fonds régionaux et sectoriels pour répondre aux besoins de formation, dont certains portent sur les compétences essentielles. De plus, il a récemment mis en œuvre le Foundational Skills Program au terme de consultations sur la stratégie d'alphabétisation, et administre les ententes de développement du marché du travail et les accords de paiement de transfert conclus entre le Canada et le YukonNote de bas de page 20.

Le ministère de l'Éducation du Yukon finance par ailleurs la Yukon Literacy Coalition, organisme communautaire et centre d'excellence pour la recherche sur l'alphabétisation et la pratique connexe au Yukon. Il collabore avec de nombreux partenaires en vue d'améliorer l'alphabétisation et les compétences essentielles dans l'ensemble du territoire. La Yukon Literacy Coalition a ouvert le Family Literacy Centre à Whitehorse en 2009. Ce centre offre aux spécialistes, aux parents et aux personnes soignantes un espace où ils peuvent participer à l'élaboration de programmes et acquérir des compétences en vue d'intégrer les activités d'alphabétisation à la maison.

Une autre source de financement pour l'ACE provient du ministère du Développement économique du Yukon, qui administre le fonds de développement économique, programme d'examen de propositions qui vise à améliorer le bien-être des collectivités et à créer des emplois.

Le Collège du Yukon est l'un des établissements du Yukon qui offre des services directs d'ÉBA. En 1983, la Loi sur le Collège du Yukon a officiellement reconnu le rôle du collège en matière d'ÉBA. Le Collège du Yukon reçoit la majeure partie de ses fonds opérationnels et d'immobilisations du gouvernement du Yukon. Il reçoit également des fonds territoriaux pour des projets précis.

b) Territoires du Nord-Ouest

Dans le cadre de son actuelle stratégie d'alphabétisation, publiée en 2008Note de bas de page 21, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest fait de l'alphabétisation un continuum de perfectionnement permanent des compétences dans une ou plusieurs des onze langues officielles des Territoires du Nord-Ouest. Plus récemment, le gouvernement a également créé le Cadre stratégique décennal Des compétences pour réussirNote de bas de page 22. Ce cadre vise à garantir que le système d'éducation et de formation des Territoires du Nord-Ouest suivra l'évolution de la demande sur le marché du travail, aujourd'hui et à l'avenir.

Le ministère de l'Éducation, de la Culture et de l'Emploi (ÉCE) offre des programmes, des services et un soutien axés sur le développement de la petite enfance, l'enseignement de la maternelle à la douzième année, l'éducation postsecondaire et la formation des adultes, l'avancement professionnel, les stages et la certification professionnelle, les normes d'emploi, la sécurité du revenu, les langues officielles, l'immigration, les arts, la culture et le patrimoine. Il accorde une priorité absolue au renforcement des capacités grâce à l'ensemble de ses programmes et services, et à une étroite collaboration avec les gouvernements autochtones. Il gère les ententes de développement du marché du travail et les accords de paiement de transfert conclus entre le Canada et les Territoires du Nord-OuestNote de bas de page 23.

Par ailleurs, le ministère de l'ÉBA finance les programmes d'alphabétisation et de l'éducation de base des adultes (AÉBA), programmes de perfectionnement pour adultes qui leur permettent de suivre des études postsecondaires ou de tirer parti des possibilités d'emploi. Le résultat attendu de ces programmes est que les participants obtiennent un emploi et atteignent leurs objectifs personnels. Les programmes d'AÉBA sont des programmes communautaires offerts dans 23 collectivités (urbaines, rurales ou éloignées) et sur trois campus des Territoires du Nord-Ouest. La majorité des étudiants sont Autochtones.

Le Collège Aurora offre certes la majeure partie des programmes d'ÉBA, mais il n'est pas le seul. Le Northwest Territories Literacy Council, créé en 1990, a reçu des fonds du ministère de l'ÉCE pour créer des ressources consacrées à l'AÉBA, par exemple les Everyday Math Skills Resources, série de quatre livres de mathématiques visant à aider les adultes à comprendre et à utiliser les mathématiques nécessaires dans leur vie quotidienne, et Essential Skills at Work in the North, outil d'apprentissage interactif visant à aider les habitants du Nord à apprendre ce qu'il faut pour réussir dans divers emplois.

La Société régionale Inuvialuit offre aussi des programmes d'ÉBA, comme le Work Readiness Program, créé pour aider les particuliers à mieux se préparer à un emploi ou à suivre une formation complémentaire liée à leur emploi. Ce projet est un exemple d'initiative financée dans le cadre du programme Connexion compétences de la Stratégie emploi jeunesse d'EDSC.

La Northwest Territories Mine Training Society offre elle aussi divers programmes de formation à l'emploi (p. ex., More Than a Silver Lining et Mining the Future), en collaboration avec le Collège Aurora et des partenaires de l'industrie, grâce à l'aide financière du gouvernement fédéral.

c) Nunavut

Le gouvernement du Nunavut a élaboré une stratégie de formation des adultes en 2005. Elle propose des mesures visant à faciliter le développement de l'alphabétisation en milieu de travail et dans la population active, grâce à des programmes d'éducation de base, à des incitatifs financiers et à une aide aux programmes destinée aux employeurs.

Le ministère de l'Éducation du Nunavut finance les programmes d'ÉBA qui doivent être offerts dans les collectivités de l'ensemble du Nunavut, mais ces programmes ne bénéficient pas d'un financement de base. Le ministère des Services à la famille gère les ententes de transfert du marché du travail d'EDSC, afin d'augmenter le niveau de compétences et l'employabilité des chômeurs, et de renforcer la capacité d'ACE grâce à la formationNote de bas de page 24 . Dans le passé, c'est du financement issu de l'entente sur le marché du travail entre le Canada et le Nunavut qui a servi à augmenter le niveau des compétences de base, à offrir de la formation sur les aptitudes nécessaires dans la vie quotidienne, à améliorer les possibilités d'emploi et à mettre en œuvre des programmes permettant d'acquérir une expérience de travail dans le cadre de projets et une formation en milieu de travail axée sur l'ACE. Le programme de parrainage de clients intégré au programme lié à l'entente sur le marché du travail a connu un nombre d'inscriptions record, témoignant du fait que de nombreuses personnes n'étaient pas admissibles en vertu de l'entente sur le développement du marché du travail. Ainsi, de nombreuses initiatives ont été offertes en collaboration avec l'industrie minière (p. ex., Agnico-Eagle, société minière de la région de Kivalliq).

Le gouvernement du Nunavut finance le Collège de l'Arctique du Nunavut, qui est un organisme d'État. Il fournit un financement de base qui couvre les programmes d'éducation et les salaires, y compris pour les programmes d'ÉBA. Le collège compte trois campus qui offrent la majeure partie des programmes d'apprentissage. Il existe aussi des centres d'apprentissage communautaires dans 25 collectivités. Les programmes du collège sont diversifiés, et vont des cours traditionnels en classe, portant par exemple sur les compétences de base, l'élaboration de portfolios, la préparation à l'emploi, l'accès aux métiers et l'administration de bureau, à l'inclusion d'activités traditionnelles comme la création d'œuvres d'art. Le Collège de l'Arctique du Nunavut a mis en œuvre des programmes de formation et d'alphabétisation de la main-d'œuvre en élargissant la portée de son cours préalable à l'emploi et en se dotant de ressources et de programmes d'ACE de meilleure qualité. Le collège collabore avec divers groupes, dont le Nunavut Literacy Council.

Ilitaqsiniq, qui est le Nunavut Literacy Council, s'efforce de promouvoir et d'appuyer l'alphabétisation des collectivités du Nunavut dans les langues officielles du territoire. Depuis sa création, Ilitaqsiniq a axé la plupart de ses efforts sur les activités suivantes : faire de la recherche communautaire de base et en diffuser les résultats; créer et animer des ateliers; créer des ressources de base bilingues; former, maintenir et renforcer des partenariats.

3.4 Pertinence du programme par rapport aux priorités du gouvernement fédéral et de CanNor

Le Budget 2016 propose d'investir à grande échelle dans l'acquisition de compétences et la formation, en vue de multiplier les possibilités d'emploi pour les Canadiens. Dans le cadre de ces efforts, on a accordé au PÉBAN une prolongation d'un an afin de donner au gouvernement le temps d'« examiner le programme dans le but de déterminer la meilleure façon d'appuyer la participation des habitants du Nord au marché du travail. » (Budget 2016, p.90). Les lettres de mandat envoyées au ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'œuvre et du Travail, au ministre des Affaires autochtones et du Nord et au ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique permettent de mieux placer ces efforts en contexte, car elles demandent aux ministres de collaborer dans le but de promouvoir le développement économique et de créer des emplois pour les Autochtones.

Le manque de compétences de base est reconnu comme un obstacle majeur à l'emploi des Autochtones dans le rapport de 2014 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, intitulé Opportunités pour les Autochtones sur le marché du travailNote de bas de page 25. Le Comité recommandait au gouvernement fédéral de continuer à appuyer les initiatives qui permettent aux Autochtones d'accéder à une formation de qualité supérieure pour l'acquisition de compétences essentielles, notamment grâce à des programmes personnalisés lorsqu'il y avait lieu de le faire; le gouvernement a approuvé cette recommandation dans sa réponse au rapport. Le programme de l'actuel gouvernement en ce qui concerne l'alphabétisation et le développement de compétences essentielles pour les Autochtones rappelle les initiatives existantes, comme l'ensemble de programmes relatifs au marché du travail pour les Autochtones (PMTA). Deux éléments clés des PMTA sont la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones (en cours de révision) et le Fonds pour les compétences et les partenariats.

On a créé CanNor pour « favoriser le développement économique régional dans les trois territoires du Canada en offrant des programmes, en établissant des partenariats mobilisant les investissements dans le Nord et en mettant en avant les intérêts des résidents du Nord, dont les AutochtonesNote de bas de page 26. » À cet égard, le PÉBAN est un des programmes de développement des capacités administrés par CanNor, comme le programme Investissements stratégiques dans le développement économique du Nord et le Programme d'opportunités économiques pour les Autochtones du Nord.

3.5 Résumé des constatations

Les plus récentes tendances en matière d'ACE justifient le maintien des programmes d'ÉBA dans les territoires. Un élément important auquel il faut accorder de l'attention — d'après les rapports annuels du PÉBAN — semble être l'absence d'un partenariat durable entre le secteur privé et les collèges pour le développement de l'ACE en milieu de travail. Même si rien n'exige que le PÉBAN soit lié à la demande provenant de l'industrie, il se peut qu'en l'absence d'un lien concret avec le marché du travail, les gens restent prisonniers du « cycle de la pré-employabilité » créé par la formation, soient incapables de trouver un emploi et se trouvent obligés de suivre de nouveau une formation.

Le PÉBAN va dans le sens des priorités du gouvernement fédéral et de CanNor. Cependant, l'ÉBA est un domaine dans lequel les compétences et les activités fédérales et territoriales se chevauchent parfois. Le gouvernement fédéral joue un rôle dans le cadre de l'ÉBA et de l'ACE, par l'intermédiaire du financement et des transferts financiers aux territoires, en s'acquittant de ses responsabilités relatives au développement du marché du travail et en établissant des normes nationales pour l'ACE. Dans ce contexte, il semble que le PÉBAN soit une des nombreuses initiatives fédérales en matière de développement de l'ACE et de l'ÉBA , mais demeure un programme « de créneau » quand on le compare aux importants programmes de formation axée sur le perfectionnement des compétences d'Emploi et Développement social Canada (EDSC).

Ce qui rend le PÉBAN unique parmi les autres initiatives fédérales est le fait qu'il appuie et exploite la capacité des collèges, qui sont les principaux prestataires de l'ÉBA et de services connexes dans les territoires. Les gouvernements territoriaux, en raison de leurs responsabilités en matière d'éducation, offrent aussi aux collèges un soutien et un financement pour l'ÉBA et le développement de l'ACE. Ainsi, dans certains domaines (p. ex., le recrutement des éducateurs, l'élaboration de matériel pédagogique et de programmes d'études ou l'extension de la sensibilisation), le PÉBAN pourrait faire double emploi avec les investissements territoriaux et, éventuellement, avec les objectifs du programme.

Section 4 - Obtention des résultats attendus : renforcement de la capacité d'ÉBA

Cette section examine les extrants du PÉBAN, en particulier les changements touchant la disponibilité, l'accessibilité et la qualité des produits, ainsi que ses effets sur l'inscription des étudiants et les capacités globales d'ÉBA dans le Nord.

4.1 Meilleure disponibilité des services d'ÉBA

L'impact du PÉBAN sur le nombre de collectivités où sont offerts des services d'ÉBA varie selon le territoire. Comme on le voit dans le tableau 4.1, les données quantitatives montrent que l'accessibilité des services d'ÉBA a augmenté, de même que le nombre d'adultes qui en ont bénéficié dans les collèges, même si les fonds du PÉBAN semblent avoir profité davantage à certains collèges qu'à d'autres, en particulier au Collège de l'Arctique du Nunavut. Dans les Territoires du Nord-Ouest, le nombre de collectivités offrant des services d'ÉBA n'a pas augmenté : il est resté à 26 de 2010 à 2016. Dans les deux autres territoires, on a observé une augmentation du nombre de collectivités offrant l'ÉBA. C'est au Yukon que l'augmentation a été la plus marquée (50 %). Le tableau ci-dessous résume ces augmentations.

Tableau 4.1 : Collectivités offrant l'ÉBA, avant et après la mise en œuvre du PÉBAN
Collège Avant le PÉBAN 2010-2011 Pendant le PÉBAN2014-2015 Évolution
Collège du Yukon 8 12 +4 (50 %)
Collège Aurora 26 26 (aucun changement)
Collège de l'Arctique du Nunavut 18 25 +7 (39 %)
Total 52 63 + 11 (21 %)
Source : données sur l'administration du PÉBAN

Les données qualitatives issues des entrevues avec les étudiants adultes confirment que des cours d'ÉBA sont offerts dans leur collectivité : ils ont trouvé qu'il était facile de s'inscrire aux activités d'ÉBA dans leur collectivité. De plus, ils ont mentionné que les cours avaient lieu au centre de leur municipalité, à des endroits faciles à trouver et desservis par les transports en commun, le cas échéant. Deux des étudiants interviewés ont dit n'avoir eu aucune difficulté à accéder au programme après en avoir entendu parler, et ont ajouté que le processus d'inscription était simple.

Même si aucun des étudiants adultes interviewés n'a dit avoir eu du mal à obtenir une place dans les classesNote de bas de page 27, un des représentants des collèges interviewés a indiqué qu'il y avait des listes d'attente pour les cours du PÉBAN, pour des dizaines de personnes. Cela signifie que la capacité en matière d'ÉBA est peut-être encore insuffisante pour répondre à la demande, même avec l'aide financière du PÉBAN. On peut en déduire qu'il n'y a peut-être pas assez d'infrastructures (salles de classe) et que les employés des collèges manquent de moyens pour gérer un grand nombre d'étudiants. En outre, le représentant d'un collège a indiqué que le matériel de promotion et de communication relatif au PÉBAN était un des domaines pour lesquels on ne prévoyait pas avoir un si grand besoin. Selon un participant, il a été plus difficile que prévu de « faire passer le mot », et qu'ajouter ces activités à la charge de travail déjà très lourde des employés ne suffisait pas.

4.2 Meilleure accessibilité pour les Autochtones et les adultes dans les collectivités éloignées du Nord

Un des principaux défis de la prestation de services d'ÉBA dans le Nord tient au grand nombre de collectivités rurales et éloignées comptant une faible population majoritairement autochtone. Parce que ces collectivités ne peuvent pas bénéficier des programmes offerts dans les grandes villes où se trouvent les campus des collèges, il faut plus de fonds et un niveau de service plus élevé pour que l'ÉBA soit accessible aux membres des collectivités. On attendait notamment du PÉBAN que les fonds disponibles permettent aux collèges d'offrir des services et les programmes de l'ÉBA dans ces collectivités, et garantissent que les programmes offerts seront culturellement et linguistiquement adaptés aux collectivités.

4.2.1 Répartition des services d'ÉBA

Le tableau 4.2 présente les sites offrant de l'ÉBA par taille de collectivité, et compare 2010-2011, année précédant la mise en œuvre du PÉBAN, à 2014-2015. On voit qu'en 2014-2015, des services d'ÉBA étaient offerts dans 63 collectivités du Nord, dont 44 comptaient moins de 1 000 habitants. C'est dans les petites collectivités que le volume de services offerts a le plus augmenté en raison du PÉBAN.

Tableau 4.2 : Prestation de services d'ÉBA, selon la taille de la collectivité, 2010-2011 et 2014-2015
Collège Taille de la collectivité où les services d'ÉBA ont été offerts
Campus principal Autre municipalité Petite collectivité (<1 000)
2010-2011 2014-2015 2010-2011 2014-2015 2010-2011 2014-2015
Collège du Yukon 1 1 1 1 6 10
Collège Aurora(1) 3 3 3 3 20 20
Collège de l'Arctique du Nunavut 3 3 7 8 8 14
Total 7 7 11 12 34 44
Notes :
(1) Il convient de noter que le Collège Aurora offre aussi des cours et des services d'ÉBA dans huit autres petites collectivités des Territoires du Nord-Ouest, selon les besoins. Parce qu'on ne savait pas si ces collectivités offraient un cours d'ÉBA pendant l'exercice 2014-2015, elles ne sont pas incluses dans ce tableau.
Source : données sur l'administration du PÉBAN.

4.2.2 Pertinence culturelle et linguistique du matériel pédagogique

On a demandé aux apprenants adultes, aux éducateurs et aux représentants des collèges si le matériel pédagogique était adapté au contexte culturel des territoires et au niveau d'alphabétisation des apprenants. La plupart d'entre eux pensent que ce matériel est adapté à la culture de leur collectivité et à leur niveau linguistique. Ils disent avoir trouvé ce matériel facile à comprendre. Plusieurs ont dit que l'intégration des pratiques traditionnelles des Inuit des Premières nations en classe illustre la pertinence des cours.

L'ensemble des représentants et des éducateurs des collèges interviewés ont dit que le programme d'études offert dans le cadre du PÉBAN était linguistiquement et culturellement adapté aux réalités des collectivités du Nord où des cours étaient offerts. Par exemple, le matériel pédagogique a été préparé en consultation avec les chefs locaux inuit ou des Premières nations et les conseils de bande, et parfois en étroite collaboration avec eux, comme l'ont confirmé les interviewés. Ces consultations ont permis aux Autochtones et aux leaders des collectivités de définir les besoins du marché du travail local, ce qui a orienté l'élaboration de cours d'ÉBA appropriés et pertinents au sein de la collectivité.

Deux éducateurs ont également mentionné que les cours comprenaient des éléments liés à la culture et aux traditions locales, qui les rendaient plus accessibles aux étudiants, lesquels s'y identifiaient. Selon un autre éducateur, l'inclusion des projets prévoyant que des Aînés se rendent dans les classes et participent à des activités traditionnelles avec les étudiants (p. ex., cercles de conteurs et artisanat) constitue un aspect important du programme, qu'il faut maintenir.

4.3 Utilisation locale des services par les collectivités rurales et éloignées et les Autochtones d'âge adulte

4.3.1 Données sur les inscriptions et l'achèvement

Durant les quatre années d'existence du PÉBAN, plus de 3 400 étudiants se sont inscrits à des cours d'ÉBA, et 1 495 (soit moins de la moitié) se sont rendus au terme de ces cours. Ce pourcentage semble correspondre au taux moyen d'achèvement habituellement observé dans le cadre des programmes d'alphabétisationNote de bas de page 28. Les étudiants autochtones constituent la majorité des personnes qui s'inscrivent aux cours financés par le PÉBAN et la majorité de ceux qui se rendent au terme de ces cours et, fait non négligeable, affichent un taux de réussite supérieur au reste de la population pour ce qui est de l'ÉBA . Le tableau 4.3 indique la répartition de ces chiffres par collège.

Tableau 4.3 : Pourcentage d'étudiants inscrits et se rendant au terme des cours, 2011-2015, par collège(1)
  Étudiants inscrits Étudiants ayant terminé leur cours
Étudiants autochtones Étudiants non autochtones Nombre total d'étudiants Étudiants autochtones Étudiants non autochtones Nombre total d'étudiants
Nombre Nombre Nombre Nbre et % des inscriptions Nbre et % des inscriptions Nbre et % des inscriptions
Collège du Yukon 520 53 573 203 (39 %) 36 (68 %) 239 (42 %)
Collège Aurora(2) 1 164 821 1 985 660 (57 %) 206 (25 %) 866 (44 %)
Collège de l'Arctique du Nunavut 857 12 869 387 (45 %) 3 (25 %) 390 (45 %)
Total 2 541 886 3 427 1 250 (49 %) 245 (28 %) 1 495 (44 %)
Notes :
(1) Le tableau 3.4 contient d'autres notes;
(2) il faut interpréter les chiffres du Collège Aurora avec prudence, car le nombre d'étudiants qui se sont inscrits et rendus au terme des cours, ainsi que le nombre d'étudiants autochtones ayant suivi une activité d'ÉBA, n'ont pas été présentés de façon régulière durant la période de cinq ans.
Source : donnes sur l'administration du PÉBAN.

Quelques-uns des étudiants interviewés ont dit que leur famille les appuyait vraiment et s'assurait qu'ils puissent se rendre à leurs cours (par exemple, en offrant de garder leurs enfants). Selon une interviewée, il faudrait offrir un service de garde dans le cadre du PÉBAN, car elle a remarqué que de nombreux autres participants avaient du mal à suivre les cours à cause de leurs obligations envers leurs enfants.

4.3.2 Sensibilisation des collectivités et intérêts pour les services d'ÉBA

Les collectivités ont été sensibilisées au PÉBAN grâce au bouche-à-oreille et à la radio locale, mais les collèges pourraient participer davantage à la communication d'information à propos du PÉBAN aux petites collectivités. Comme tous les apprenants adultes interviewés étaient tous inscrits au programme (critère d'admissibilité aux entrevues), le biais de l'échantillonnage est évident; c'est pourquoi on ne peut utiliser ces données pour évaluer avec précision le niveau de sensibilisation au PÉBAN dans ces collectivités. De la même façon, on ne peut pas évaluer le degré d'intérêt pour les services d'ÉBA en se basant sur les commentaires des étudiants qui ont suivi le programme (et ont donc démontré qu'ils s'y intéressaient, évidemment, puisqu'ils s'y étaient inscrits et suivaient des cours). Par contre, tous les étudiants interviewés ont dit que le programme avait un impact positif dans leur collectivité et que, selon eux, il serait utile qu'un plus grand nombre de membres de la collectivité y participent.

Les entrevues ont révélé que le PÉBAN semblait offrir aux adultes des petites collectivités la formation dont ils avaient besoin. Par exemple, certains des 11 interviewés ont dit ne pas connaître d'autre programme susceptible de répondre à leurs besoins, mais une majorité a dit savoir qu'il existait d'autres possibilités, toutes à l'extérieur de leur collectivité. Certains eux ont dit être prêts à déménager pour suivre cette formation, mais la plupart n'auraient pas suivi de cours d'ÉBA si il n'avait pas été offert localement.

Les représentants de l'industrie ont indiqué qu'il existait d'autres cours d'ÉBA et de formation professionnelle dans le Nord, notamment les programmes offerts par les collèges en vue de permettre aux étudiants d'obtenir l'équivalent de la douzième année. Par contre, ils ont précisé que les cours d'ÉBA convenaient généralement davantage aux adultes ayant un niveau d'alphabétisation plus élevé, et que le fait qu'ils durent longtemps (généralement quatre mois) dissuadait de nombreux adultes de s'y inscrire. Ils jugent que les cours d'ÉBA et d'ACE de courte durée offerts dans le cadre du PÉBAN sont plus accessibles aux étudiants dont le niveau d'alphabétisation est faible. Ils observent par ailleurs que certains programmes de formation sont offerts par des groupes industriels comme la Northwest Territories Mine Training Society, mais que le nombre de personnes s'inscrivant à ces programmes est insuffisant pour qu'ils soient offerts avec autant d'efficacité ou à aussi grande échelle que le PÉBAN.

4.4 Impact du PÉBAN sur la qualité des services d'ÉBA

Le quatrième résultat intermédiaire examiné dans le cadre de la présente évaluation tient à la capacité du PÉBAN à améliorer la qualité des services d'ÉBA. Pour obtenir ce résultat, on a élaboré de nouveaux programmes d'études/matériel pédagogique afin de pouvoir offrir de la formation et du perfectionnement professionnel aux instructeurs chargés de l'ÉBA , et on a élaboré de nouveaux outils d'évaluation des étudiants ou amélioré les outils existants.

4.4.1 Élaboration de nouveaux programmes d'études

Chacun des trois collèges offrant l'ÉBA a élaboré de nouveaux cours durant la période de financement quinquennale. Le nombre de nouveaux programmes et de nouveaux cours et la quantité de nouveau matériel pédagogique variaient selon le collège et selon l'année. Voir le tableau 4.4.

Tableau 4.4 : Élaboration de nouveaux programmes d'études et de nouveau matériel pédagogique, par collège et par exercice
  2011-2012 2012-2013 2013-2014 2014-2015 Total
Collège du Yukon 1 46 4 3 54
Collège Aurora 0 0 15 7 22
Collège de l'Arctique du Nunavut 0 26 12 30 68
Total 1 72 31 40 144
Source : données sur l'administration du PÉBAN.

Chaque collège a utilisé les fonds du PÉBAN pour élaborer un certain nombre de nouveaux cours et du nouveau matériel (144 en tout). Les représentants des collèges et les éducateurs interviewés ont commenté l'élaboration de ces nouveaux outils.

Les représentants des trois collèges ont précisé qu'on avait élaboré les programmes et les cours au terme de consultations avec les collectivités et les gouvernements autochtones locaux, afin de déterminer les besoins en matière d'éducation dans ces régions. Ce processus de mobilisation a permis aux collectivités de définir les besoins du marché du travail local, et a garanti que les cours étaient élaborés et offerts en tenant compte des besoins du marché du travail, et étaient adaptés aux besoins de formation des adultes. Les représentants des collèges ont par ailleurs indiqué que le matériel pédagogique et les programmes d'études créés dans le cadre du PÉBAN étaient de qualité supérieure, et que les éducateurs des adultes les utilisaient à des fins de formation, mais aussi pour élaborer des ressources pédagogiques et partager les programmes avec les collectivités susceptibles de vouloir offrir à l'échelle locale des cours créés précédemment. Deux des représentants ont dit que l'approche intégrée et modulaire du programme d'études était très efficace et permettait de « vendre » le programme : les programmes courts permettent aux adultes de recevoir une éducation rapidement, et l'acquisition intégrée de compétences en lecture et en écriture leur permet de s'alphabétiser davantage tout en acquérant des compétences adaptées aux emplois qu'ils convoitent.

Les représentants des collèges ont été en mesure de définir les besoins du marché du travail susceptibles d'être comblés si des programmes d'alphabétisation plus intégrés étaient élaborés avec des fonds supplémentaires du PÉBAN. Ces domaines du marché du travail et du programme d'études sont le tourisme et l'écotourisme, la foresterie, les métiers, la photographie et la vidéographie.

Selon les formateurs d'adultes, le nouveau matériel pédagogique est plus directement adapté aux milieux de travail et aux besoins de main-d'œuvre à l'échelle locale. Par exemple, un cours en éducation de la petite enfance comprenant l'acquisition de capacités de lecture et d'écriture a été élaboré, afin de répondre à la forte demande de services de garderie dans les collectivités qui avait identifié ce besoin comme un besoin clé du marché du travail. Ils attribuent le succès des cours adaptés aux étudiants locaux offerts par le PÉBAN aux processus de collaboration et de consultation mis en œuvre avec les bandes locales et les leaders communautaires avant l'élaboration des programmes d'études ou l'établissement de l'horaire des cours pour l'année.

4.4.2 Perfectionnement professionnel et formation pour les enseignants offrant l'ÉBA

On ne disposait d'aucune donnée administrative provenant des collèges à propos du nombre précis d'éducateurs pour adultes ayant suivi des cours de perfectionnement professionnel et de formation, ou du nombre de cours de ce type offerts à l'intention des éducateurs pour adultes. Les entrevues avec les représentants des collèges et les éducateurs pour adultes ont porté sur l'utilité et les avantage du perfectionnement et de la formation dans le cadre du PÉBAN.

Tous les représentants des collèges interviewés ont dit que les éducateurs pour adultes avaient pu suivre des cours de perfectionnement professionnel et de formation grâce aux fonds du PÉBAN. Ils ont tous cité le symposium sur le PÉBAN comme exemple, et dit que, selon eux, ce symposium avait été une activité très utile pour eux et pour les éducateurs pour adultes. Le symposium a permis aux éducateurs et aux experts du domaine d'échanger des renseignements et des pratiques exemplaires et prometteuses, et de discuter des enjeux liés à l'éducation propres au Nord, comme le faible taux d'alphabétisation en anglais et le fait qu'une partie de la population vit dans des collectivités éloignées. Les représentants de deux collèges ont également mentionné que certains éducateurs pour adultes avaient suivi le programme menant à un certificat Essential Skills Practitioner Certificate Program offert par le Collège Douglas. Les représentants des collèges ont aussi mentionné d'autres possibilités de formation et de perfectionnement professionnel, comme la formation en cours d'emploi et les ateliers consacrés à divers sujets, notamment la formation culturelle axée sur le travail et l'enseignement avec des étudiants autochtones.

Deux des représentants des collèges ont dit qu'ils aimeraient qu'on offre plus de possibilités de formation et de perfectionnement aux éducateurs dans certains domaines. Il s'agit des suivants : reconnaissance de l'apprentissage préalable, pour garantir que les étudiants sont orientés vers les cours appropriés; meilleures compétences axées sur la mobilité verticale et meilleures connexions entre les divers programmes, pour encourager les étudiants à poursuivre leurs études et à atteindre l'équivalent d'une douzième année; et formation spécialement axée sur les enjeux liés aux pensionnats, et stratégies que les enseignants peuvent utiliser en classe pour lutter contre les séquelles laissées par les pensionnats sur les survivants et leurs descendants. Le représentant d'un des collèges a dit qu'il existait une formation sur la sensibilité interculturelle portant sur la question des pensionnats, mais n'a proposé aucune stratégie pratique ou concrète à utiliser en classe pour briser le traumatisme du système d'enseignement.

La majorité des éducateurs interviewés ont dit avoir participé à des cours de perfectionnement professionnel et de formation grâce au PÉBAN, et les avoir trouvés très informatifs, utiles et pertinents pour leur travail de spécialistes de l'ÉBA dans le Nord. Tous ces éducateurs avaient assisté au symposium sur le PÉBAN, qui leur a offert une occasion unique de découvrir des pratiques exemplaires et d'échanger des renseignements avec d'autres spécialistes de l'ÉBA dans le Nord.

4.5 Résumé des constatations

Le PÉBAN est à l'origine d'une augmentation marquée des services d'ÉBA offerts par les collèges, en particulier par le Collège du Yukon et le Collège de l'Arctique du Nunavut. Globalement, les étudiants interviewés ont trouvé que les cours étaient accessibles pour ce qui est des horaires, des lieux et du processus d'inscription.

Néanmoins, le taux d'achèvement global en proportion du nombre d'inscrits est inférieur à 50 % pour les étudiants autochtones et le reste de la population. Cela indique que, même si un grand nombre d'adultes vivant dans le Nord sont intéressés par les cours d'ÉBA, la disponibilité, ou plutôt le manque de disponibilité, de ces cours n'est pas le seul obstacle qui nuit à la poursuite de leurs études. Comme on l'a vu à la section 3, il existe plusieurs obstacles à l'accès à l'ÉBA. Pour remédier au faible taux d'achèvement, on pourrait éliminer ces obstacles, dont les frais de scolarité et l'absence de garderies, et créer des incitatifs afin d'encourager les gens à terminer leurs cours et à suivre des études postsecondaires.

Les fonds du PÉBAN ont permis aux trois collèges du Nord d'élaborer, de mettre à l'essai et de mettre en œuvre un grand nombre de nouveaux cours intégrés d'alphabétisation. Ces cours sont appréciés à la fois parce qu'ils sont adaptés aux besoins du marché du travail local, et parce que les modules d'alphabétisation intégrés garantissent que la formation des adultes demeurera pertinente pour les étudiants et leurs objectifs professionnels. Le matériel pédagogique élaboré est par ailleurs facile à partager grâce à la création de ressources pour les éducateurs et à l'utilisation de fichiers électroniques, ce qui permet de faire des économies et rend plus efficace l'exécution de programmes d'études créés préalablement dans une collectivité.

Grâce aux fonds du PÉBAN, les éducateurs pour adultes ont pu recevoir une précieuse formation dans divers domaines liés à l'ÉBA. Chaque collège a offert des cours de perfectionnement professionnel et de formation aux éducateurs de diverses façons, leur garantissant ainsi un accès aux diverses possibilités.

Section 5 - Obtention des résultats attendus/autres résultats en matière d'éducation et d'emploi

Cette section examine les résultats à long terme du PÉBAN, en particulier pour voir si l'employabilité des étudiants et leur taux de participation à la population active a changé, ou s'ils poursuivent des études.

5.1 Préparation des résidants à l'emploi ou à la formation professionnelle

Les adultes interviewés percevaient de différentes manières l'état de préparation à l'emploi ou la capacité à poursuivre des études après avoir suivi une ÉBA. Par exemple, certains étudiants ont dit ne pas vraiment savoir si le PÉBAN les avait suffisamment préparés à l'emploi. Les étudiants interviewés pensaient avoir besoin de faire d'autres études avant de pouvoir trouver l'emploi qu'ils recherchent, ou trouvaient très difficile d'obtenir du travail dans les domaines qui les intéressent.

Les quatre éducateurs interviewés ont trouvé que le matériel pédagogique du PÉBAN les avait aidés à améliorer l'employabilité des étudiants et leurs chances de trouver un emploi au terme du programme. Un éducateur a vu deux de ses étudiants trouver un emploi dans le domaine qu'ils avaient étudié au terme du cours, et trois autres s'étaient inscrits à des cours de perfectionnement afin de poursuivre dans le même métier. En outre, deux éducateurs interviewés ont dit que le principal avantage des cours du PÉBAN tenait à la possibilité pour les étudiants adultes de réussir en classe, ce qui leur redonne confiance en eux et modifie la perception qu'ils ont de leur capacité à trouver un emploi au terme du cours.

Les représentants de l'industrie interviewés ont dit avoir engagé des diplômés du PÉBAN à des postes de débutants. Cependant, certains d'entre eux ont dit que les compétences acquises par ces diplômés ne suffisaient pas pour leur garantir un emploi de longue durée ou permanent dans leur entreprise, à moins qu'ils ne suivent d'autres cours. Les principaux obstacles, selon eux, aux emplois de longue durée, sont l'alphabétisation et la numératie. Un de ces représentants a mentionné en particulier le manque d'aptitudes à la pensée critique et à la résolution de problèmes, qui est un problème auquel sont confronté tout particulièrement les nouveaux employés, ainsi que leur manque de connaissance pratique des applications de bureau de base, comme MS Office. Ce même représentant a néanmoins dit que les possibilités de promotion offertes par les cours d'ÉBA dans le territoire étaient utiles, et permettaient aux employés de perfectionner leurs compétences au besoin grâce à des cours modulaires de courte durée.

Tous les représentants des collèges interviewés ont dit que le PÉBAN avait amélioré la capacité des étudiants à participer au marché du travail. En fait, ils ont mentionné des études de suivi menées auprès des étudiants, qui ont révélé qu'une forte proportion avaient trouvé un travail au terme de leurs cours, ou avaient suivi une formation de perfectionnement ou préparé un certificat. Tous les représentants des collèges ont dit que les cours offerts dans les collectivités ou les régions étaient adaptés aux besoins du marché du travail local, et que les étudiants avaient donc plus de chances de trouver du travail au terme du programme.

5.2 Participation des résidants à l'emploi, à la formation professionnelle ou à l'enseignement postsecondaire

L'expérience d'éducation postérieure à l'ÉBA varie. Par exemple, au moment de leur entrevue, deux anciens étudiants inscrits au PÉBAN ont dit qu'ils avaient déjà suivi d'autres études. Il est important de noter que les étudiants ayant suivi d'autres études ont dit que le PÉBAN leur avait permis d'acquérir suffisamment de connaissances et les avait assez bien préparés aux cours et aux programmes auxquels ils se sont inscrits par la suite.

En ce qui concerne la préparation des diplômés à d'autres études, les représentants des collèges et les éducateurs pour adultes ont fourni diverses réponses. Deux représentants de collèges ont dit que le faible niveau d'alphabétisation des étudiants pouvait être problématique, parce que les cours modulaires de courte durée du PÉBAN ne suffisent pas à amener les adultes à un niveau alphabétisation qui leur permettrait de suivre des formations aux adultes de haut niveau, puis à suivre des études postsecondaires. Toutefois, les représentants des collèges ont dit que le PÉBAN avait permis aux étudiants de faire confiance aux écoles et de s'y intéresser. Même si certains étudiants n'étaient peut-être pas prêts immédiatement à suivre une formation de niveau supérieur ou des études postsecondaires, selon ces mêmes représentants, le programme leur avait donné confiance et les avait incités à suivre des cours d'ÉBA de niveau inférieur et des cours du PÉBAN susceptibles de mieux les préparer à d'autres études.

Les éducateurs étaient généralement positifs à propos de la capacité du PÉBAN à préparer les diplômés à suivre d'autres études/une autre formation. Ils ont vu des étudiants poursuivre une autre formation pour adultes et suivre des cours de préparation au collège, ou continuer à suivre des cours de perfectionnement de métiers. Ils ont également réitéré que le programme avait un impact vraiment positif sur l'assurance des étudiants et leur aisance en classe et lors de la formation des adultes.

En raison du long délai nécessaire pour obtenir d'autres certificats et d'autres diplômes, le seul titre de compétences post-ÉBA mesuré et consigné par les collèges était l'accréditation de métier. Les autres formes d'accréditation et titres de compétences (comme les certificats ou les diplômes) n'étaient pas consignées. Seuls cinq diplômés de l'ÉBA ont obtenu une accréditation de métier entre 2011 et 2015 (quatre du Collège du Yukon et un du Collège Aurora). D'autres étudiants ont peut-être choisi d'obtenir une équivalence de diplôme d'études secondaires ou de suivre une formation conduisant à un certificat ou à un diplôme de niveau collégial.

5.3 Résumé des constatations

Les cours offerts dans le cadre de l'ÉBA du PÉBAN ont permis de préparer les étudiants à des postes de débutants au sein de leur collectivité et de leur marché du travail local. Les représentants de l'industrie ont trouvé que les diplômés du PÉBAN étaient prêts à occuper un poste de débutant, mais ne pourraient gravir les échelons d'une entreprise s'ils ne suivaient pas d'autres études ou une autre formation. Ils ont également mentionné plusieurs domaines dans lesquels les diplômés du PÉBAN n'étaient pas assez bien préparés au monde du travail.

La plupart des intervenants (étudiants adultes et représentants des collèges et de l'industrie) s'entendent pour dire qu'un seul cours d'ÉBA ne suffit pas à préparer les étudiants à une pleine participation à la population active. Même si les diplômés pourraient être qualifiés pour certains emplois, il s'agit souvent de postes de débutant offrant peu de possibilités d'avancement sans autres études ou sans autre formation. Toutefois, il faut noter que la plupart des étudiants interviewés ont reconnu avoir besoin de plus d'études, et dit qu'ils prévoyaient en suivre d'autres à l'avenir. Le principal avantage des cours du PÉBAN pour les adultes en ce qui concerne la préparation à des études plus poussées tient au fait que ces cours offrent aux étudiants une expérience positive, et les aident à avoir confiance en eux en vue de poursuivre leurs études.

Section 6 - Résultats inattendus et efficience

Cette section porte sur les résultats inattendus et l'efficacité et l'efficience du programme, déterminés grâce aux entrevues avec les participants.

6.1 Résultats inattendus

La plupart des interviewés conviennent que le PÉBAN a eu divers effets positifs au-delà de ce à quoi ils s'attendaient. Ils mentionnent souvent le fait que, même si les collèges avaient reçu des fonds en vue de mener des activités distinctes, ces fonds avaient été utilisés pour élaborer des activités et des produits conjoints, et pour partager les programmes d'études et les pratiques exemplaires. Selon les interviewés, cela a produit deux résultats directs :

  • Premièrement, le PÉBAN a renforcé la relation entre les collèges, et intégré à cette relation d'autres intervenants. Par exemple, deux représentants de collège ont dit que les ministères territoriaux s'étaient montrés intéressés par les programmes d'études et les programmes élaborés dans le cadre du PÉBAN, et avaient conclu des ententes de partenariat avec les collèges afin qu'ils continuent à offrir ces cours. Le représentant d'un des collèges a également précisé que son établissement avait renforcé son partenariat avec une grande société minière implantée dans la région. Cette société et le collège ont collaboré afin de créer trois cours adaptés à l'industrie, destinés aux étudiants souhaitant faire carrière dans l'industrie minière.
  • Deuxièmement, le PÉBAN a amélioré l'efficacité et la qualité des services et des produits que les collèges offrent aux adultes de leur région. Par exemple, la majorité des participants interviewés ont observé des résultats positifs allant au-delà de leurs attentes, notamment une augmentation du nombre d'inscriptions. De plus, le mode de conception et d'exécution du programme a permis de gérer de façon globale les obstacles nuisant à l'employabilité des étudiants. Certains participants au PÉBAN ont remarqué que les étudiants avaient eu du succès et vécu une expérience positive durant leurs cours, ce qui les a aidés à atténuer ou à parer les séquelles laissées par les pensionnats dans leur collectivité. Plus précisément, deux interviewés ont dit que le PÉBAN était conçu de manière à permettre aux étudiants de réussir et d'obtenir des résultats positifs rapidement, et à leur éviter d'être frustrés durant les cours et de décrocher.

Autre résultat digne de mention : les autres possibilités qui se présentent aux personnes participant au programme d'alphabétisation et les compétences essentielles (ACE). Par exemple, un certain nombre d'étudiants ont dit que leurs instructeurs les avaient aidés à trouver du travail, soit en leur parlant d'une offre d'emploi, soit en leur recommandant un poste. En d'autres termes, la participation à un programme ou même à un seul cours a permis aux étudiants de découvrir d'autres réseaux susceptibles de les aider à entrer sur le marché du travail.

6.2 Amélioration de l'efficacité du programme

Malgré les succès et les améliorations mentionnés précédemment, les interviewés ont suggéré certaines mesures et approches susceptibles d'améliorer l'efficacité du programme.

Selon eux, il faudrait établir des liens plus étroits avec les employeurs. Par exemple, les éducateurs interviewés pensent qu'il serait utile que les cours incluent des stages de longue durée et des partenariats plus étroits avec les entreprises locales, ce qui mettrait l'accent sur l'aspect pratique de l'apprentissage. La troisième interviewée a indiqué que les projets intégrant des Aînés aux cours d'ÉBA dans sa région étaient très importants et devraient se poursuivre, et qu'il faudrait établir des liens plus étroits avec les Aînés dans chaque collectivité.

Divers interviewés ont mentionné les risques auxquels sont exposés les étudiants si leur entrée sur le marché du travail est retardée, faisant d'eux des « prisonniers » du cycle de formation. Par exemple, certains pensent qu'une approche de promotion verticale aiderait les étudiants adultes à suivre des études de plus haut niveau, au lieu qu'ils continuent à suivre des cours dans différentes matières clés. Selon le représentant d'un collège, il est nécessaire d'établir une promotion à partir des cours d'ÉBA à d'autres cours d'éducation de base des adultes. Il pense que les cours du PÉBAN ont très bien permis d'attirer des étudiants au sein du programme et de se rendre au terme de celui-ci, parce qu'il s'agit de cours modulaires de courte durée adaptés aux besoins des apprenants. Par contre, l'ÉBA offerte dans les territoires comprenait des cours beaucoup plus longs (sessions standards de quatre mois, comme les autres cours de collèges). Dans le cadre de ces cours, l'obtention d'une équivalence de douzième année pourrait prendre un an, voire plus, selon l'historique d'apprentissage de l'étudiant.

Selon les étudiants interviewés, il est important de tenir compte du soutien à offrir en vue de promouvoir l'obtention d'un diplôme ou l'achèvement du programme. Par exemple, une étudiante a dit que le PÉBAN devrait offrir des services de garde d'enfants sous une forme ou une autre, car elle a remarqué que bon nombre de ses camarades de classe avaient du mal à trouver un service de garde, et donc à suivre le cours. Selon un étudiant originaire du Nunavut, on a besoin d'enseignants parlant l'inuktitut, en raison du faible niveau d'alphabétisation en anglais de nombreux étudiants.

6.3 Amélioration de l'efficience du programme

Les interviewés ont diverses perceptions de l'efficience du programme. Un des aspects les plus problématiques est le fardeau supplémentaire lié à la gestion du programme. Par exemple, deux représentants des collèges ont dit qu'un certain nombre de personnes, dont des éducateurs et des membres du personnel administratif, ont dû consacrer une partie de leur temps à des activités liées au PÉBAN, ou faire des heures supplémentaires pour exécuter des tâches liées à la mise en œuvre du PÉBAN. Il fallait par exemple trouver des éducateurs dans les collectivités éloignées, consacrer du temps en plus à la coordination et à la préparation des travaux liés aux cours, et exécuter des tâches de nature financière et administrative « sur le coin du bureau ». Un certain nombre d'éducateurs interviewés ont dit qu'il était très efficace et très avantageux de partager les programmes d'études avec les autres collèges et les collectivités dans l'ensemble des trois territoires.

6.4 Résumé des constatations

Dans l'ensemble, le PÉBAN a eu un impact positif au-delà des attentes initiales. Le résultat mentionné par plusieurs interviewés est le renforcement des liens entre les collèges, dont deux exemples concrets sont l'échange de pratiques exemplaires et d'information, et l'adoption d'une vision pan territoriale de l'ACENote de bas de page 29, qui renforce à son tour les relations. On ne sait pas si ces partenariats entre les collèges auraient vu le jour en l'absence du PÉBAN (étant donné que les trois collèges participent déjà comme partenaires clés à diverses initiatives pan territoriales), ou s'ils sont attribuables, par exemple, à l'évolution d'organisations qui prennent de l'importanceNote de bas de page 30. En bref, il semble que les collèges aient tiré parti de la politique des dépenses admissibles du PÉBAN propice à la formation de partenariats entre eux et avec d'autres organisations territoriales, pour renforcer leur collaboration.

Malgré la durée limitée du PÉBAN, les entrevues révèlent que le programme a créé des attentes au sein des collèges, mais aussi des gouvernements territoriaux. Ce résultat inattendu peut s'expliquer par le montant du financement alloué au PÉBAN, notamment en proportion du budget total des collèges du Nord pour l'ÉBA, qui a offert une flexibilité sans précédent pour s'attaquer aux lacunes en matière d'ÉBA.

Les travaux entrepris pour améliorer la pertinence et l'efficacité des activités et des produits, mais aussi pour adopter une approche plus globale grâce à l'amélioration des services offerts aux étudiants, semblent avoir eu un impact considérable sur les participants, en les aidant à renforcer leur estime de soi et à faire plus facilement du réseautage afin de trouver un emploi. Selon les interviewés, de meilleures relations avec les employeurs et la coordination des activités des bailleurs de fonds, visant à offrir aux étudiants un continuum de programmes et de soutien, permettraient sans doute d'améliorer l'efficacité du programme.

Section 7 - Conclusions et enseignements tirés

  1. Les modalités du programme devraient continuer à offrir aux collèges du Nord la flexibilité nécessaire pour concevoir et offrir des activités d'ACE et d'ÉBA, et le matériel connexe. Jusqu'à maintenant, les collèges ont réussi à concevoir et à offrir des cours d'ACE et de l'ÉBA destinés aux adultes qui sont culturellement appropriés et adaptés au marché du travail. Ce succès tient principalement au fait que les collèges ont la possibilité de tirer parti de leur propre expertise, de leurs connaissances locales et des partenariats formés avec les collectivités et les intervenants en vue de répondre aux besoins concrets. Il serait bon que les fonds éventuellement fédéraux affectés à des programmes de ce type à l'avenir offrent aux collèges un niveau de flexibilité au moins équivalent.
  2. Il faut examiner les mécanismes existants ou proposés pour l'exécution des activités d'ÉBA/d'ACE dans le Nord, afin d'assurer leur arrimage aux programmes fédéraux. Le PÉBAN avait pour objectif premier d'améliorer l'accès à une formation préalable à l'emploi et à des services de développement des compétences. Mesuré par les collectivités ayant offert des services d'ÉBA avant et après la mise en œuvre du PÉBAN, cet objectif a été atteint dans l'ensemble des territoires, avec une augmentation de 21 % des collectivités ayant bénéficié du programme (la plus forte proportion se trouvant au Nunavut et au Yukon).

    Il faut approcher les activités d'ÉBA et d'ACE dans le Nord d'une manière spéciale, en raison des facteurs culturels, historiques et environnementaux. Le Budget 2016 prévoit que le gouvernement fédéral va « examiner le programme dans le but de déterminer la meilleure façon d'appuyer la participation des habitants du Nord au marché du travail ». Dans ce contexte, il serait bon d'examiner les outils stratégiques existants et proposés pour l'exécution d'un programme de formation et de développement des compétences axé sur le Nord, afin de garantir qu'ils soient intégrés les uns aux autres à l'avenir, et pour combler les lacunes perçues. Ces outils sont, de façon générale, les accords de transfert fédéraux-territoriaux existants axés sur les compétences, la formation et l'emploi, ainsi que le mode de financement territorial. On pourrait envisager, par exemple, d'optimiser l'utilisation d'outils pour le versement des fonds alloués à l'ÉBA, en acheminant ces fonds par l'entremise des gouvernements territoriaux, afin d'améliorer l'efficience du programme et de réduire le fardeau que doivent assumer les collèges pour gérer les nombreux rapports à produire pour des programmes aux objectifs similaires, surtout dans un contexte logistique difficile comme celui du Nord.
  3. Il faut modifier la méthode de mesure du rendement du programme, afin d'inclure les résultats atteignables durant l'exécution du programme et d'améliorer les mécanismes de production de rapports. Les données recueillies grâce à la présente évaluation indiquent qu'il n'est pas réaliste de s'attendre à une modification majeure et durable des taux d'emploi au terme de cours d'ACE ou de l'ÉBA de courte durée. Comme l'étude le montre également, de nombreux participants à l'ÉBA prévoient poursuivre des études, ce qui en fait une mesure de rendement plus raisonnable. Une mesure à long terme pourrait rendre apparente une évolution des taux d'emploi, mais il ne faut pas s'attendre à ce que cela survienne pendant un cycle quinquennal de financement et d'évaluation. On pourrait s'inspirer de sources de données secondaires, comme le Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes de Statistique Canada, pour surveiller les changements à plus long terme.
  4. Il faut améliorer la normalisation des processus de collecte et de présentation des données relatives au programme. L'absence des définitions et de modèles standards a nui à la fiabilité des données relatives au programme. Le fait que chaque collège ait utilisé son propre modèle de rapport qualitatif, et ses propres définitions pour les types d'indicateurs, a créé un manque d'uniformité des données. Cela a également généré des problèmes d'évaluation de l'efficacité globale du PÉBAN. Il est recommandé d'établir des procédures normalisées de collecte des données (incluant les définitions et les outils et modèles de production de rapports), et de les inclure dans les modalités des ententes de financement conclues avec les collèges.

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Yukon College. Annual Reports from 2007-2008 to 2014-2015.

Annexe A – Figures et tableaux complémentaires

Figure 1 - Proportion de la population, par niveau d'alphabétisation, Canada et territoires, PEICA 2012
Description textuelle de la Figure 1

Voici un histogramme qui compare la proportion de la population des trois territoires et du Canada qui possède un niveau 2 et moins en alphabétisation. L'histogramme montre que 49% de la population de 16 à 64 ans n'a pas le niveau 3. Le niveau 3 est le niveau nécessaire pour réaliser la plupart des tâches de lecture et d'écriture en société et en milieu de travail. Cette proportion s'élève à 84% pour le Nunavut; 64% pour les Territoires du Nord d'Ouest; et 44% pour le Yukon. Les données présentées proviennent du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes.

Tableau 1 : Niveau de scolarité de la population âgée de 25 à 64 ans, population autochtone hors réserve, population non autochtone et population totale, Canada, provinces et territoires, 2010-2013 (moyenne en %)
  2010 2011 2012 2013
  Population non autochtone Population autochtone hors réserve Population totale Population non autochtone Population autochtone hors réserve Population totale Population non autochtone Population autochtone hors réserve Population totale Population non autochtone Population autochtone hors réserve Population totale
Canada
Inférieur aux études secondaires 11 24 12 11 23 11 11 23 11 10 22 10
Études secondaires/ formation professionnelle 38 43 38 38 43 38 37 43 37 36 43 36
EPS 51 32 50 52 33 51 53 35 52 54 35 53
Territoires du Nord-Ouest
Inférieur aux études secondaires 7 47 25 7 41 20 8 35 19 7 36 18
Études secondaires/ formation professionnelle 34 27 32 32 30 31 33 31 33 35 31 33
EPS 58 25 44 62 29 49 58 35 48 58 34 49
Nunavut
Inférieur aux études secondaires 6 61 47 8 61 48 0 57 44 0 59 45
Études secondaires/ formation professionnelle 25 26 26 25 23 23 25 27 27 26 28 28
EPS 69 12 27 67 17 29 71 15 29 71 13 27
Yukon
Inférieur aux études secondaires 12 42 18 8 31 12 9 25 13 10 24 13
Études secondaires/ formation professionnelle 34 31 34 34 28 33 35 32 35 34 40 36
EPS 54 22 48 50 40 56 56 42 53 55 35 52
Source : Statistique Canada. Tableau 477-0116 – Niveau de scolarité de la population âgée de 25 à 64 ans, population autochtone hors réserve, population non-autochtone, et population totale, Canada, provinces et territoires, occasionnel (pourcent), CANSIM (base de données) (consulté le 3 mars 2016).
Source des données : Enquête sur la population active (données traitées par CanNor)
Tableau 2 : Littératie et numératie, scores moyens et répartition des niveaux de compétence, selon le statut d'Autochtone (hors réserve) et de non-Autochtone, population âgée de 16 à 64 ans, provinces sélectionnées et territoires, 2012 (moyenne en %)
Provinces and territoires Niveaux de compétence Non-Autochtone Autochtone hors réserve
Colombie-Britannique Littératie Niveau 2 ou inférieur 46 55
Niveau 3 ou supérieur 55 45
Numératie Niveau 2 ou inférieur 52 66
Niveau 3 ou supérieur 48 34
Manitoba Littératie Niveau 2 ou inférieur 47 61
Niveau 3 ou supérieur 53 39
Numératie Niveau 2 ou inférieur 53 68
Niveau 3 ou supérieur 47 32
Territoires du Nord-Ouest Littératie Niveau 2 ou inférieur 44 82
Niveau 3 ou supérieur 56 18
Numératie Niveau 2 ou inférieur 51 87
Niveau 3 ou supérieur 49 13
Nunavut Littératie Niveau 2 ou inférieur 34 92
Niveau 3 ou supérieur 67 8
Numératie Niveau 2 ou inférieur 45 95
Niveau 3 ou supérieur 55 5
Ontario Littératie Niveau 2 ou inférieur 47 52
Niveau 3 ou supérieur 53 48
Numératie Niveau 2 ou inférieur 54 67
Niveau 3 ou supérieur 47 33
Saskatchewan Littératie Niveau 2 ou inférieur 48 70
Niveau 3 ou supérieur 53 30
Numératie Niveau 2 ou inférieur 54 79
Niveau 3 ou supérieur 46 21
Yukon Littératie Niveau 2 ou inférieur 37 69
Niveau 3 ou supérieur 63 31
Numératie Niveau 2 ou inférieur 48 82
Niveau 3 ou supérieur 52 18
Source : Statistique Canada. Tableau 477-0087 – Littératie et numératie, scores moyens et répartition des niveaux de compétence, selon le statut d'Autochtone (hors réserve), le statut d'immigrant ou la situation linguistique minoritaire et le sexe, population de 16 à 65 ans, provinces sélectionnées et territoires, occasionnel (nombre sauf indication contraire), CANSIM (base de données) (consulté le 3 mars 2016).
Source des données : Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 2012. Données traitées par CanNor.
Tableau 3 : Littératie et numératie, répartition des niveaux de compétence, selon la situation d'activité, population de 16 à 64 ans, Canada et territoires, 2012 (moyenne en %)
Niveaux de compétence selon la situation d'activité Canada Territoires du Nord-Ouest Nunavut Yukon
Littératie Numératie Littératie Numératie Littératie Numératie Littératie Numératie
En emploi
Pourcentage de la population au niveau de compétence 2 ou à un niveau inférieur 44 50 54 60 67 72 38 50
Pourcentage de la population au niveau de compétence 3 ou à un niveau supérieur 56 50 46 40 33 28 62 50
En chômage
Pourcentage de la population au niveau de compétence 2 ou à un niveau inférieur 52 62 75 87 82 90 44 65
Pourcentage de la population au niveau de compétence 3 ou à un niveau supérieur 48 38 26 15 102 s.o. 56 46
Inactifs
Pourcentage de la population au niveau de compétence 2 ou à un niveau inférieur 57 63 76 83 89 94 67 71
Pourcentage de la population au niveau de compétence 3 ou à un niveau supérieur 44 37 32 17 6 4 40 29
Source : Statistique Canada. Tableau 477-0081 – Littératie et numératie, scores moyens et répartition des niveaux de compétence, selon la situation d'activité, le niveau le plus élevé de scolarité et le groupe d'âge, population de 16 à 65 ans, Canada, provinces et territoires, occasionnel (nombre sauf indication contraire), CANSIM (base de données) (consulté le 3 mars 2016).
Source des données : Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 2012. Données traitées par CanNor.
Tableau 4 : Répartition de la population âgée de 25 à 64 ans (total et ayant une identité autochtone), selon le plus haut certificat, diplôme ou grade, Canada et territoires, 2011 (%)
Plus haut certificat, diplôme ou grade Canada Yukon Territoires du Nord-Ouest Nunavut
Total Identité autochtone Total Identité autochtone Total Identité autochtone Total Identité autochtone
Aucun certificat, diplôme ou grade 13 29 12 29 22 40 46 59
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent; certificat ou diplôme d'apprenti 35 37 34 36 30 29 22 23
Études postsecondaires 52 35 54 35 48 30 32 18
Total 100 100 100 100 100 100 100 100
Source : Statistique Canada. Tableau 477-0096 - Répartition de la population âgée de 25 à 64 ans (total et ayant une identité autochtone), selon le sexe et selon le plus haut certificat, diplôme ou grade, Canada, provinces et territoires, occasionnel (pour cent), CANSIM (base de données) (consulté le 3 mars 2016).
Source des données : Enquête nationale auprès des ménages, 2011 (données traitées par CanNor).
Figure 2 : Nombre d'étudiants collégiaux équivalents temps plein (ETP), total comparé aux étudiants inscrits aux programmes d'ÉBA/d'ACE, Collège Aurora, 2007-2015(1)

Nota :
(1) estimation de CanNor.
Source : rapports annuels du Collège Aurora.

Version textuelle de la Figure 2

La figure 2 compare le nombre d'étudiants inscrits aux programmes réguliers et celui des étudiants inscrits aux programmes d'éducation de base aux adultes du Collège Aurora. On constate que le nombre d'étudiants inscrits aux programmes d'éducations aux adultes augmentent depuis 2009-2010 comparé au nombre d'étudiants dans les programmes réguliers qui lui tend à décroître depuis 2009-2010. Les données proviennent des rapports annuels du Collège Aurora.

Figure 3 : Nombre d'étudiants collégiaux, total comparé aux étudiants inscrits aux programmes d'ÉBA/d'ACE, Collège de l'Arctique du Nunavut, 2007-2015(1)

Nota :
(1) estimation de CanNor.
Source : rapports annuels du Collège de l'Arctique du Nunavut.

Version textuelle de la Figure 3

La figure 3 compare le nombre d'étudiants inscrits aux programmes réguliers et celui des étudiants inscrits aux programmes d'éducation de base aux adultes du Collège de l'Arctique au Nunavut. On constate qu'à la fois le nombre d'étudiants inscrits aux programmes d'éducations aux adultes ainsi que le nombre d'étudiants dans les programmes réguliers augmentent. Les données proviennent des rapports annuels du Collège de l'Arctique du Nunavut.

Figure 4 : Nombre d'étudiants collégiaux, total comparé aux étudiants inscrits aux programmes d'ÉBA/d'ACE, Collège du Yukon, 2007-2015(1)

Nota :
(1) estimation de CanNor.
Source : rapports annuels du Collège du Yukon.

Version textuelle de la Figure 4

Le tableau 4 montre le lien entre le fait d'être autochtone et le niveau de scolarité d'une personne. Le tableau compare les données pour le Canada et les trois territoires selon l'identité autochtone et pour la population totale, selon trois niveaux de scolarité : 1) la proportion des individus n'ayant pas de diplôme d'études secondaires; 2) la proportion des individus ayant un diplôme d'études secondaires ou une formation professionnelle; et 3) la proportion de ceux qui ont un diplôme d'études post-secondaires. On constate qu'une plus grande proportion d'Autochtones n'a pas de diplôme d'études secondaires. Les données du tableau proviennent de l'Enquête nationale auprès des ménages 2011.

Annexe B – Définitions des termes et des concepts clés

Éducation des adultes

Activités éducatives offertes dans un cadre structuré, non structuré ou informel, qui ciblent les adultes et visent à promouvoir l'éducation et la formation initiales, ou à s'y substituer. L'objectif visé peut être : a) d'atteindre un niveau donné d'instruction ou de qualification professionnelle; b) d'acquérir des connaissances et des compétences dans un nouveau domaine (pas nécessairement en vue d'obtenir une qualification); c) de se recycler ou de mettre à jour ses connaissances ou ses compétences (UNESCO, 2005).

Éducation de base

Ensemble complet d'activités éducatives organisées dans divers environnements, qui visent à répondre aux besoins d'apprentissage de base définis dans la Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous (1990). D'après la Classification internationale type de l'éducation (CITÉ), l'éducation de base comprend l'éducation primaire (première étape de l'éducation de base) et le premier cycle du secondaire (deuxième étape). Elle comprend aussi une grande variété d'activités non structurées et informelles, publiques et privées, destinées à répondre aux besoins d'apprentissage de base des personnes de tous âges (UNESCO, 2005).

Alphabétisation et compétences essentielles

Il s'agit des compétences dont on a besoin pour travailler, apprendre et vivre. Elles fournissent la base de l'apprentissage de toutes les autres compétences et permettent aux gens d'évoluer dans leur vie professionnelle et de s'adapter aux changements dans leur milieu de travail. Grâce à des recherches approfondies, le gouvernement du Canada, en collaboration avec d'autres organismes nationaux et internationaux, a ciblé et validé les principales compétences essentielles et en littératie. Ces compétences sont utilisées dans presque toutes les professions et dans la vie quotidienne de différentes façons et à divers niveaux de complexité. Les compétences essentielles comprennent les compétences associées à l'alphabétisation (c'est-à-dire la lecture, l'écriture, l'utilisation de documents et le calcul), mais vont au-delà pour inclure également la capacité de raisonnement, la communication orale, l'informatique/les compétences numériques, le travail d'équipe et les compétences liées à l'apprentissage continu. Elles fournissent la base de l'apprentissage de toutes les autres compétences et permettent aux gens de mieux se préparer pour obtenir et conserver un emploi ainsi que de s'adapter et de réussir au travail. (Emploi et Développement social Canada – Bureau de l'alphabétisation et des compétences essentielles

Maîtrise de l'alphabétisation et de la numératie

L'alphabétisation va bien au-delà du fait de décoder des mots ou de reconnaître des symboles. C'est la capacité à utiliser des renseignements écrits ou numériques afin d'exécuter des tâches quotidiennes à la maison, au travail et au sein de la collectivité. Au cours des 20 dernières années, des études internationales ont modifié notre conception de l'alphabétisation; nous sommes passés de la dichotomie entre les personnes instruites et les personnes illettrées à la vision de l'alphabétisation comme un continuum. L'interprétation de l'alphabétisation continue de s'élargir et d'évoluer, pour inclure une grande variété de compétences.

Le Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) est la toute dernière version de ces études, lancées par l'Organisation de coopération et de développement économiques. Il a évolué par rapport aux deux études internationales précédentes consacrées à l'alphabétisation : l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes, menée entre 1994 et 1998, et l'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes, menée entre 2002 et 2006. Sur le fond, ces enquêtes conceptualisent l'alphabétisation, ainsi que la numératie et (dans le cas du PEICA) la résolution de problèmes dans les environnements à forte concentration de technologie, sur un continuum qui va du niveau 1 (faible niveau d'alphabétisation) au niveau 5 (excellent niveau d'alphabétisation). Le niveau 1 correspond à des capacités de lecture et d'écriture de base dans les deux langues officielles du Canada. Le niveau 2 est inférieur au niveau de compétences nécessaire pour obtenir un diplôme d'études secondaires. Le niveau 3 est le niveau nécessaire pour exécuter la plupart des tâches de lecture et d'écriture en société et en milieu de travail. C'est le niveau nécessaire pour obtenir un diplôme d'études secondaires et entrer au collège. Aux niveaux 4 et 5, la personne maîtrise très bien l'une ou l'autre des langues officielles (Harwood, 2012 et Statistique Canada, 2013a).

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